Une question de survie pour les petites fermes
« Il va falloir que j’augmente mes prix ou que je diminue les quantités de [légumes dans] mes paniers. C’est une simple question de survie. »
– Véronique Bouchard
L’augmentation des frais des fournisseurs de service et d’intrants nuit à la santé financière de certaines petites fermes. Véronique Bouchard, propriétaire de la Ferme aux petits oignons, à Mont-Tremblant, s’alerte de la situation. « Le prix d’un rouleau de goutte-à-goutte a augmenté de 20 %, les coûts de livraison des semences ont vraiment explosé, et dans l’attente du branchement de mon système électrique, je chauffe uniquement mes serres au propane et ça me coûte une fortune », attestet-elle. Elle s’inquiète aussi pour ceux et celles qui ont récemment démarré de petites fermes maraîchères. « Plusieurs ne se versent pas de salaire et plusieurs ne connaissent pas leurs coûts de production. S’ils n’augmentent pas leurs prix, de peur de perdre des clients, il ne leur restera rien », analyse-t-elle.
L’agricultrice déplore que certains fournisseurs profitent de la situation « pour se graisser la patte ». « Mon électricien m’a dit ouvertement qu’il n’hésitait pas à appuyer sur le crayon, car il sait qu’on a de ‘‘généreuses subventions’’ », dénonce Mme Bouchard.
Outre les prix, la disponibilité pose problème. En Montérégie, Émilie Bellefroid, la relève d’une ferme maraîchère et d’un petit élevage de veaux, raconte avoir été obligée d’aller acheter son terreau à la quincaillerie, à un prix démesuré, faute d’en trouver chez son fournisseur agricole habituel. Même chose pour les produits nécessaires à la vente de sa viande de veau, comme de simples étiquettes. « La phrase qu’on nous dit, c’est que c’est pris dans le conteneur quelque part », rapporte-t-elle, d’un ton incrédule.