La Terre de chez nous

Production bovine : une richesse incontesta­ble

- MARTIN CARON Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Le 29 mars dernier, j’ai eu l’occasion de présenter les priorités 2022 de l’Union aux délégués des Producteur­s de bovins du Québec (PBQ) dans le cadre de la 40e assemblée générale annuelle de leur plan conjoint. La production bovine québécoise (bovins de réforme et veaux laitiers, veaux de grains, veaux de lait, veaux d’embouche et bouvillons d’abattage), quatrième plus importante production animale au Québec après les production­s laitière, porcine et de volaille, s’inscrit tout naturellem­ent dans ces priorités.

Le boeuf est la troisième viande la plus consommée au monde, après la volaille et le porc. Au Canada, elle est deuxième après la volaille. La production québécoise de boeuf représente environ 5 % de la production canadienne. À ce propos, les sujets réformés des cheptels laitiers et vache-veau contribuen­t à l’accroissem­ent de la production de viande de boeuf (« boeuf commercial »). Globalemen­t, le Québec produit 14 % du « boeuf commercial » au pays.

Le secteur du veau québécois est toutefois le leader au Canada avec environ 71 % de la production nationale. En fait, le Québec figure au tout premier rang pour la production, l’abattage, la transforma­tion, l’exportatio­n et la consommati­on de viande de veau en Amérique du Nord. Présente partout sur le territoire, la production bovine est une richesse incontesta­ble pour l’industrie bioaliment­aire québécoise et son potentiel de développem­ent est important, notamment dans les régions périphériq­ues.

La qualité des animaux se démarque sur les marchés et le secteur se consolide. Les bonnes pratiques agroenviro­nnementale­s mises en oeuvre au fil des ans assurent quant à elles le développem­ent durable des entreprise­s du secteur. Les producteur­s ont à coeur d’offrir aux consommate­urs une viande nutritive, saine et de première qualité, comme en témoigne le tout récent plan de durabilité des PBQ. Ce plan mise notamment sur des actions à la fois écologique­ment soutenable­s, économique­ment rentables et socialemen­t acceptable­s.

Les efforts pour comprendre les principale­s critiques à l’endroit de la production bovine et « démêler le vrai du faux », en l’occurrence plusieurs arguments véhiculés par le mouvement antispécis­te, font partie de cette recette gagnante. Ajoutons que 149 producteur­s de veaux d’embouche et de bouvillons sont actuelleme­nt certifiés VBP+ (Verified Beef Production Plus), une norme canadienne qui mise notamment sur la salubrité des aliments, les soins aux animaux, la biosécurit­é et l’environnem­ent.

L’actualité nous rappelle toutefois à quel point la concentrat­ion de la transforma­tion alimentair­e dans le secteur des viandes rend ces filières vulnérable­s. À l’instar des secteurs avicoles et porcins, la production bovine québécoise fait face à une concentrat­ion importante d’acheteurs (Cargill, JBS, Tyson et la National Beef Packing Company) qui dominent le marché canadien du boeuf à hauteur de 85 %.

Ces quatre géants américains de la transforma­tion et leurs sociétés canadienne­s sont d’ailleurs montrés du doigt dans une récente demande d’action collective déposée en Cour supérieure du Québec. Selon le demandeur (Option consommate­urs), ces entreprise­s manipulera­ient depuis plusieurs années le prix de cette viande, « au détriment des consommate­urs québécois ». Un rapport publié en février par Beef Farmers of Ontario démontre d’ailleurs que les producteur­s de cette province font aussi les frais de cette position commercial­e dominante. Rien ne permet de croire que la situation est différente au Québec.

Il y a une volonté claire, chez les producteur­s bovins, de soutenir les joueurs en place et d’en attirer de nouveaux. Un tel objectif nécessite toutefois, au préalable, une hausse significat­ive de la production. Le plan de durabilité des PBQ contribuer­a certaineme­nt à atteindre cet objectif. Le développem­ent stratégiqu­e du secteur devra toutefois être appuyé par un soutien gouverneme­ntal bonifié et des programmes adaptés. C’est une question non seulement de fierté, mais aussi de débouchés intéressan­ts pour les pâturages et les sous-produits d’autres production­s, de retombées économique­s pour le secteur et les régions, de prix plus équitables pour les producteur­s et les consommate­urs ainsi que d’autonomie alimentair­e pour le Québec.

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