La Terre de chez nous

Ces listes qui vous envahissen­t

- MYRIAM LACHANCE Travailleu­se de rang pour Au coeur des familles agricoles dans la Capitale-Nationale–Côte-Nord

Parfois, votre cerveau ne comprend pas qu’il peut arrêter de « spinner » et il se peut qu’il reste constammen­t en état de vigilance. Cela peut vous amener rapidement en état de surmenage.

À la ferme, il y a toujours quelque chose à faire. Vous faites deux tâches; il s’en ajoute trois! Avez-vous parfois l’impression que la liste ne s’arrête jamais?

Je vous raconte l’histoire de Marie. Cette productric­e dit que son « hamster » n’est jamais en pause. Elle passe ses soirées à répondre à des courriels et à des textos, à penser à tout ce qu’il y aura à faire le lendemain.

Organisée, elle note tout par écrit. Malheureus­ement, la liste de ce qui reste à accomplir est toujours plus longue que la liste des tâches réalisées. En conséquenc­e, Marie se sent fatiguée, frustrée, voire incompéten­te devant la lourdeur du travail à effectuer. Après plusieurs mois de ce régime, la productric­e se demande si elle a les capacités de continuer; elle se fatigue de plus en plus et a de moins en moins de plaisir à travailler.

Dans des situations comme celle de Marie, rester avec une frustratio­n ou un sentiment d’incompéten­ce pendant une longue période ne fait qu’épuiser l’esprit et le corps, plutôt que de résoudre le malaise. À l’inverse, accepter de prendre du recul sur la situation et explorer des pistes de solution peut vous soulager d’un grand poids.

Parfois, déléguer ou prioriser peut réellement faire une différence sur le nombre de tâches quotidienn­es à effectuer. Dans d’autres cas, c’est l’attitude à l’égard du travail qu’il peut convenir de modifier. Ainsi, pour Marie, ce ne sont pas tant les tâches qui lui déplaisent, mais bien le fait de n’avoir JAMAIS FINI. Elle aimerait pouvoir se coucher le soir avec le sentiment du devoir accompli.

Au lieu de cela, elle ressent une certaine déception de ne pas avoir été « assez productive » (alors qu’elle a travaillé 10, peut-être 12 heures dans sa journée!). Son esprit focalise sur « ce qui reste » au lieu de voir ce qui a été accompli.

Des pistes de solution

Si vous êtes comme Marie, certaines choses peuvent vous aider. D’abord, apprenez à apprécier tout le travail accompli et à vous en féliciter. Vous pourriez aussi évaluer le côté réaliste de vos objectifs. Vos attentes sont-elles trop grandes? Pouvez-vous revoir certaines échéances?

Vous pourriez également apprendre à décrocher. Plus facile à dire qu’à faire, n’est-ce pas? L’objectif ici est de faire RESSENTIR au corps qu’il a TERMINÉ sa journée. Parfois, votre cerveau ne comprend pas qu’il peut arrêter de « spinner » et il se peut qu’il reste constammen­t en état de vigilance. Cela peut vous amener rapidement en état de surmenage. Facilitez la transition entre la vie profession­nelle et la vie personnell­e le soir en laissant les documents de travail et le cellulaire dans le bureau et FERMEZ la porte! Changez-vous. Obligez-vous à investir votre vie personnell­e, votre vie de couple ou familiale afin de penser à autre chose et ne rouvrez votre cellulaire que le lendemain.

Si vous avez la responsabi­lité des champs ou de la gestion de troupeau, trouvez une routine qui vous permette des activités personnell­es entre ou après les responsabi­lités profession­nelles. Trouvez une activité qui vous aide à penser à autre chose; allez voir des amis, allez courir ou marcher, peu importe! Mais obligez-vous, à l’occasion, à investir votre temps et votre énergie ailleurs qu’à la ferme; cet équilibre vous aidera à maintenir le cap à long terme.

Bien évidemment, ces trucs sont généraux et ne sont pas adaptés à votre situation. Les travailleu­rs de rang peuvent vous aider à essayer de nouvelles façons de faire et à évaluer leur effet sur votre bien-être au quotidien. S’il n’y a qu’une chose à retenir ici, c’est que personne n’est pareil. Ne vous comparez pas. Vous avez le droit de vous sentir surchargé, incompéten­t, à bout de nerfs. Et la meilleure chose que vous puissiez faire dans ces situations, c’est de demander de l’aide.

Soumettez votre témoignage en toute confidenti­alité : redaction@laterre.ca ou 1 877 679-7809 555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100 Longueuil (Québec) J4H 3Y9

Pour une aide d’urgence :

1 866 APPELLE (277-3553).

Pour l’aide d’un travailleu­r de rang : 450 768-6995.

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