Porcs en attente : bris constatés malgré le retour à la normale
En date du 8 avril, l’écoulement des porcs pour les éleveurs qui livrent leurs animaux chez Olymel était revenu à un niveau près de la normale, avec environ 40 000 porcs en attente dans les élevages, alors que ce nombre a monté jusqu’au sommet historique de près de 200 000 têtes au plus fort de la crise, en janvier 2022.
Pour l’éleveur porcin Mathieu Pilote, les deux dernières années à jongler avec des porcs en attente ont été dures sur le moral, sur les coûts de production, mais également sur les bâtiments, qui se sont détériorés de manière prématurée.
« Il y a eu des bris, des trémies cassées, des pattes de division de clôture à refaire », énumère l’éleveur de La Malbaie, dans Charlevoix. Ces travaux de réparation devaient être faits « à mesure » pour éviter que les animaux se blessent. L’ampleur des dommages est donc difficile à évaluer, puisque les travaux se sont intégrés à la routine d’entretien des bâtiments, selon plusieurs éleveurs questionnés par La Terre.
« On réparait au fur et à mesure des petits bouts, mais refaire complètement notre plancher de pouponnière demanderait un investissement d’environ 20 000 $ à 30 000 $ », estime Lori-Anne Berthiaume, copropriétaire de la ferme Porc S.B. à Saint-Elzéar, dans ChaudièreAppalaches. La productrice explique que le plancher n’a pas résisté au poids des porcelets qu’ils ont dû laisser trois semaines supplémentaires en pouponnière faute de place dans les bâtiments d’engraissement, où les porcs s’entassaient en attendant de pouvoir être abattus. « C’est clair que les bâtiments ont souffert, parce qu’ils ne sont pas conçus pour des porcs aussi lourds », confie de son côté Sébastien Pagé, président des Éleveurs de porcs de l’Estrie.
La situation des porcs en attente, qui a commencé avec la pandémie de COVID19 et qui s’est accentuée avec la grève de quatre mois des employés de l’usine Olymel de Vallée-Jonction, du 28 avril au 29 août 2021, a donc accéléré de manière générale l’usure de bâtiments d’élevage, selon lui, alors qu’un rapport du Groupe Agéco avait déjà révélé en 2020 le piètre état des bâtiments d’engraissement de la province, rappelle-t-il.
Mais ces porcs plus lourds, dont certains ont atteint jusqu’à 150 livres (alors que le poids normal d’abattage est d’environ 110 livres), ont également ajouté une charge physique significative sur les bras, les genoux et le dos des éleveurs et de leurs employés, ont souligné plusieurs producteurs.