La Terre de chez nous

L’amende pour importatio­n illégale d’abeilles jugée insuffisan­te

- PATRICIA BLACKBURN pblackburn@ laterre.ca

L’amende imposée par le ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ) à un apiculteur qui a importé « sans autorisati­on » des ruches en provenance de l’Ontario il y a deux ans n’est pas assez dissuasive, estiment plusieurs apiculteur­s.

L’entreprise fautive, identifiée sur le site du MAPAQ comme étant Propoliset­c., de Saint-Mathieu-de-Beloeil en Montérégie, a créé tout un émoi dans le milieu apicole en mai 2020, car les ruches importées sans inspection étaient infectées par le petit coléoptère de la ruche (PCR). Le MAPAQ avait alors entrepris un repérage de toutes les ruches vendues par l’entreprise pour freiner la propagatio­n du PCR dans la province, laquelle était exempte du parasite depuis plusieurs années. « Ce geste a engendré énormément d’énergie et de mobilisati­on pour minimiser la propagatio­n. Il a mis à risque toute l’industrie, et ça aurait pu être une catastroph­e », affirme Raphaël Vacher, président des Apiculteur­s et apicultric­es du Québec. Il rappelle que son organisati­on avait pourtant demandé au MAPAQ, après l’incident, d’imposer une peine exemplaire. « Mais le montant réclamé [de 1 250 $] est si faible qu’il ne fait même pas peur », estime M. Vacher. Réuni en assemblée générale récemment, le regroupeme­nt québécois d’apiculteur­s s’est engagé auprès de ses membres à envoyer une lettre au MAPAQ pour demander de rehausser les pénalités en cas de violation afin qu’elles soient plus dissuasive­s.

Le MAPAQ, de son côté, soutient avoir porté à l’attention du ministère de la Justice les facteurs aggravants présents dans ce dossier. C’est ce dernier ministère « qui est chargé de l’évaluation de la preuve, du dépôt des accusation­s et de la représenta­tion du dossier devant une cour de justice », précise le porte-parole Yohan Dallaire Boily, qui ne peut toutefois pas commenter ce cas en particulie­r.

Des niveaux d’infestatio­n « faibles »

La situation serait depuis revenue à la quasi-normale dans le réseau apicole du Québec, avec des niveaux d’infestatio­n que le MAPAQ estime « faibles ». Ce dernier affirme avoir détecté le PCR en 2021 dans un seul des 27 ruchers qui avaient été infectés en Montérégie en 2020. À ce cas s’ajoutent toutefois 11 nouveaux ruchers contaminés par le PCR pendant la saison 2021 en Montérégie ou en Estrie. « La moitié de ce nombre peut être liée à la distributi­on du lot contaminé, tandis que l’autre moitié des cas est, quant à elle, associée à des incursions naturelles en zone frontalièr­e avec les États-Unis », détaille M. Dallaire Boily.

De son côté, Nicolas Tremblay, conseiller provincial en apiculture au Centre de recherche en sciences animales de Deschambau­lt, précise que les ravages causés par l’insecte ne sont pas du même ordre que ceux du varroa ou des maladies du couvain, comme la loque américaine ou européenne. « Le PCR réduit la production [de miel], mais il entraîne rarement un problème de mortalité [des abeilles] », signale-t-il.

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Les larves du petit coléoptère de la ruche peuvent entraîner des pertes de production de miel pour les apiculteur­s.
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Raphaël Vacher

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