38 producteurs du Haut-Richelieu demandent une exemption
Depuis l’aménagement de digues, il y a 40 ans, les terres de 38 producteurs agricoles du Haut-Richelieu en Montérégie n’ont pas été inondées par la rivière du Sud. Le ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques ne reconnaît toutefois pas ces digues, et plusieurs centaines d’hectares sont ainsi considérées comme étant en zone inondable. Le ministère oblige donc ces producteurs à se conformer au Régime transitoire de gestion des zones inondables, des rives et du littoral.
Aujourd’hui productrice de grandes cultures biologiques, Fanny Delisle a occupé dans le passé la fonction de biologiste spécialisée dans les milieux humides. La productrice s’estime particulièrement outillée pour comprendre que le régime transitoire ne s’applique pas à ses superficies et à celles de 37 autres producteurs endigués de sa région. Cette dernière perdrait près de 60 hectares en culture sur 600 si le régime était appliqué.
Interrogé par La Terre, le ministère répond ceci : « Une digue construite à des fins agricoles ou fauniques n’est pas considérée comme un ouvrage de retenue des eaux ou comme un mur de soutènement. La limite du littoral n’est donc pas influencée par la présence de ce type de digues. Les digues étaient considérées transparentes à l’époque de la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables, et c’est encore le cas dans le cadre du régime transitoire. » La conseillère à l’aménagement qui est responsable du dossier à la Fédération de l’Union des producteurs agricoles de la Montérégie, Caroline Charron, soutient que les craintes du ministère de l’Environnement sont légitimes. « Donc on a produit un vidéo des digues grâce à un drone, en novembre. On voulait leur montrer l’étanchéité, la continuité des digues et l’ampleur des structures », dit-elle.
La municipalité régionale de comté du Haut-Richelieu a tenté à plusieurs reprises de déplacer la limite du littoral en fonction des digues, mais le ministère n’a pas reconnu les modifications de cartes. « C’est difficile pour nous de comprendre la position du ministère de l’Environnement, affirme Caroline Charron. Même la direction régionale du MAPAQ [ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec] tente de les rassurer. On a une belle collaboration avec eux et ça fait du bien parce que les producteurs se battent depuis longtemps sur le terrain. Quand on se déplace pour voir les digues, on comprend l’absurdité de la chose. »
Malgré tout, Fanny Delisle a pris la décision de poursuivre normalement la culture de ses superficies considérées en zone inondable cette année et de faire établir la limite des hautes eaux par une firme spécialisée.