La Terre de chez nous

Les prix mondiaux, un baume pour les producteur­s de lait

- CAROLINE MORNEAU cmorneau@ laterre.ca

SAINT-HYACINTHE – Les prix mondiaux, qui ont une incidence sur le revenu des producteur­s de lait, ont bondi radicaleme­nt ces derniers mois, outrepassa­nt largement des prévisions optimistes des Producteur­s de lait du Québec (PLQ), présentées en novembre dernier. Il s’agit d’un baume dans un contexte inflationn­iste du coût des intrants à la ferme.

« On estime à 3 ou 4 $ hl de plus [qu’anticipé en novembre] l’impact que pourrait avoir la hausse des prix mondiaux sur les classes spéciales dans les prochains mois », a indiqué Florence Bouchard Santerre, directrice de la recherche économique aux PLQ, lors de l’assemblée générale annuelle de l’organisati­on, qui s’est tenue les 13 et 14 avril, à Saint-Hyacinthe.

Le président des PLQ, Daniel Gobeil, a souligné de son côté que les prix mondiaux atteignent un niveau qu’il n’a jamais vu auparavant. « Vous avez vu sur votre dernière paye. On a des kilos de solides non gras dans la classe 4A qui se transigent à 4,09 $ du kilo. […] En 2017, c’était à 1,10 $ du kilo de solides non gras », a-t-il illustré. Les prix mondiaux, qui pourraient se maintenir, voire croître encore dans les quatre prochains mois, ne viennent toutefois que tempérer en partie la hausse importante du prix des intrants assumée par les agriculteu­rs, soutient Mme Bouchard Santerre.

Plusieurs facteurs influencen­t le contexte actuel, notamment la production à la baisse à l’échelle planétaire résultant des hausses de coûts de production, des changement­s climatique­s et du contexte géopolitiq­ue, avec la guerre en Ukraine. La demande, en contrepart­ie, est plutôt en croissance.

L’inflation perdurera, prévient un expert

L’économiste Jacques Nantel a pour sa part prévenu les producteur­s que le contexte inflationn­iste actuel, de façon générale, pourrait se poursuivre dans les quatre ou cinq prochaines années. « On peut toujours prendre un 2 X 4 qui est monté à 10 $ et le remettre à 1,60 $, mais on ne peut pas faire ça avec le salaire du bûcheron qui a bûché l’arbre pour faire le 2 X 4. Une fois que les salaires ont augmenté, l’inflation devient structurel­le et on est rendus là », a illustré le professeur à HEC Montréal, chercheur et spécialist­e du commerce de détail, durant sa présentati­on. Questionné par Daniel Gobeil à savoir si on peut s’attendre à ce que des hausses élevées du prix du lait à la ferme pour compenser les coûts de production pourraient perdurer dans le temps, M. Nantel a laissé entendre que oui.

« Vous êtes à la croisée de deux routes qui sont chaudes en ce moment. Parmi vos intrants, il y a les carburants et les grains. Et ça, ce sont deux endroits qui sont affectés par les problèmes d’approvisio­nnement et le conflit en Europe. Donc oui, ça va monter », soutient l’expert, qui estime néanmoins que l’augmentati­on du prix des produits laitiers s’explique bien au consommate­ur, parce qu’il est justifié et raisonnabl­e par rapport à la hausse générale du coût d’autres aliments.

 ?? ?? Le président des PLQ, Daniel Gobeil, a souligné que les prix mondiaux atteignent un niveau qu’il n’a personnell­ement jamais vu. Il a toutefois rappelé l’importance de ne pas tenir le phénomène pour acquis et de continuer la recherche pour développer les classes spéciales.
Le président des PLQ, Daniel Gobeil, a souligné que les prix mondiaux atteignent un niveau qu’il n’a personnell­ement jamais vu. Il a toutefois rappelé l’importance de ne pas tenir le phénomène pour acquis et de continuer la recherche pour développer les classes spéciales.
 ?? ?? Jacques Nantel
Jacques Nantel

Newspapers in French

Newspapers from Canada