Plus de formation sera donnée
Le plus important récupérateur de carcasses de la province, Sanimax, n’offrira plus le service d’euthanasie des animaux à la ferme et ne ramassera plus les carcasses contenant des barbituriques à compter de 2023. Dans une lettre envoyée aux éleveurs en mars, l’entreprise explique que plusieurs employés ont été blessés lors d’interventions par pistolet percuteur ces dernières années. Cette décision de Sanimax fera en sorte qu’un plus grand nombre d’éleveurs et de vétérinaire seront dorénavant formés sur les méthodes alternatives d’euthanasie.
Le vétérinaire responsable du réseau bovin au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), Luc Bergeron, soutient que l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec prépare une formation sur l’euthanasie à l’intention des vétérinaires spécialisés en grands animaux, en collaboration avec la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal (FMVUM). Aucun échéancier n’a été fixé, mais elle devrait être offerte d’ici l’automne, soutient le Dr Bergeron. Par la suite, les vétérinaires dispenseront à leur tour une formation dans chaque ferme, entièrement subventionnée par le Programme intégré en santé animale du Québec (PISAQ) du MAPAQ.
Si la campagne du PISAQ sur l’euthanasie pourra être lancée à l’automne 2022 pour les bovins et à l’hiver 2023 pour les petits ruminants, c’est notamment parce qu’un projet pilote était déjà en cours dans la région des Hautes-Laurentides. « On avait la chance d’avoir un projet pilote qui avait été développé dans une région qui avait une moins bonne couverture vétérinaire, et ce qu’on voulait faire, c’était que les vétérinaires transmettent aux producteurs une expertise théorique et technique sur certains actes à faire seuls, comme l’euthanasie, indique Luc Bergeron. L’annonce de Sanimax a fait sortir et lancer une campagne exclusive à l’euthanasie. Les gens de l’industrie étaient très contents qu’on puisse la lancer rapidement. » Deux groupes de travail ont été mis sur pied, l’un sur les bovins et l’autre, sur les petits ruminants.
Une autre initiative verra le jour en septembre : le Centre d’expertise en production ovine du Québec dispensera quatre formations sur l’euthanasie pour les éleveurs ovins et caprins.
Peu populaires
L’une des rares spécialistes de l’euthanasie animale au Québec, la vétérinaire Martine Denicourt offre des formations sur l’utilisation du pistolet percuteur aux vétérinaires et aux éleveurs depuis cinq ans, mais elles sont peu populaires. La situation change, croit-elle, avec la décision de
Sanimax. Cette professeure invitée de la FMVUM et consultante en médecine porcine pour le groupe Services vétérinaires ambulatoires TripleV venait justement de dispenser une de ses formations aux 11 vétérinaires de la Clinique de St-Georges, en Beauce, lorsque La Terre l’a jointe. « Aucun d’entre eux n’avait suivi de formation sur le percuteur avant ça. À part les jeunes vétérinaires qui peuvent choisir de suivre une formation optionnelle sur le pistolet percuteur [durant leurs études], il y en a qui vont aller en pratique sans jamais l’avoir vu ou l’avoir manié », déplore la Dre Denicourt.
Les formations sur l’utilisation du pistolet percuteur sont appelées à se multiplier.