Aspects pratiques et psychologiques
Les codes de pratiques des productions animales comportent tous un chapitre sur l’euthanasie. C’est ce que la vétérinaire Martine Denicourt rappelle dans les formations qu’elle offre sur le pistolet percuteur depuis cinq ans aux éleveurs et aux vétérinaires. Ces derniers guident les intervenants, à l’aide d’un arbre décisionnel, et détaillent les méthodes à privilégier pour le bien-être de l’animal. « Prendre la décision d’euthanasier un animal, ce n’est pas simple. C’est pour ça que c’est important d’avoir un diagramme qui dit si l’animal n’est plus capable de manger tout seul, s’il n’est plus capable de se lever seul pour aller boire, si ça fait cinq jours que je le traite et que ça ne fonctionne pas. Si [les réponses sont négatives], tu es obligé de l’euthanasier pour son bien-être à lui », souligne-telle. L’éleveur pourra également soulager l’animal s’il ne peut être transporté, ne peut être envoyé à l’abattoir et qu’il a des conditions récurrentes incurables.
À la manière des formations de sentinelles pour la prévention du suicide chez les humains, Martine Denicourt insiste pour accueillir de petits groupes de 10 à 12 personnes dans ses formations, notamment pour aborder les effets psychologiques de l’euthanasie. « Il y a plein de vétérinaires qui pleurent après avoir fait une euthanasie. On les connaît, ces animaux-là. Ce n’est pas facile pour les éleveurs, les employés. Ce n’est facile pour personne, peu importe le niveau professionnel, affirme la formatrice. Quand on fait des évaluations de bien-être animal dans les troupeaux et qu’on regarde les registres de mortalité – nous, c’est une obligation dans le porc – on peut voir quelle est la cause de la mort de l’animal et la mort par euthanasie nous montre qu’il y a [volonté] de l’éleveur de ne pas laisser souffrir l’animal. » D’ailleurs, à la ferme, la spécialiste suggère de ne pas toujours assigner les euthanasies à la même personne.