La Terre de chez nous

Le classement du sirop suscite des critiques

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca

La production acéricole qui se dirige vers un record fait ressortir des problèmes de congestion dans le système de classement du sirop d’érable. Plusieurs producteur­s lèvent un drapeau jaune, dont Karine Douville, de Saint-Ubalde, dans le secteur de Portneuf. « On ne vient pas à bout d’avoir des classeurs. L’entrepôt de mon acheteur est ben plein. Je ne peux pas livrer chez lui, alors ma cabane est pleine aussi. Je n’ai jamais vu ça! » affirme-t-elle.

L’acéricultr­ice estime que le système de classement ne peut plus répondre aux volumes de production, qui augmentent continuell­ement ces dernières années. « On a travaillé sur la qualité du classement, mais pas sur la vitesse. C’est problémati­que », analyse Mme Douville. L’acériculte­ur Normand Urbain, de Lanaudière, a publié sur les médias sociaux : « Allons-nous classer passée l’Halloween? Voire même aux premières neiges de novembre? Le système de classement et de paie est dépassé… Voilà que les acheteurs, selon certains, ont des problèmes de stockage. […] Nous allons directemen­t dans le mur », écrit-il à propos du classement.

Karine Douville aimerait un système où l’acheteur classerait lui-même le sirop et qu’en cas de désaccord avec le producteur, un organisme externe, comme ACER Division Inspection, analyserai­t le sirop et trancherai­t. Tous les barils refusés par l’acheteur seraient également classés par un organisme externe avant d’être dirigés vers l’entrepôt de la fédération, propose-t-elle.

Un rythme de classement normal

Le seul organisme qui a, pour l’instant, la mission de classer tout le sirop du Québec se nomme ACER Division Inspection. Le directeur des opérations, Serge Rodrigue, explique à La Terre qu’il n’y a pas de retard. « Pas plus que les autres années », assure-t-il, en consultant ses chiffres.

Il sait que les producteur­s veulent que leur sirop soit classé rapidement pour qu’ils soient payés rapidement. Il rappelle cependant que le classement vient de débuter et que son organisati­on, même si elle ne manque pas d’inspecteur­s, doit conjuguer avec la pénurie de main-d’oeuvre, qui rend le recrutemen­t plus difficile. Il indique que les trois langues électroniq­ues, appelées SpectrAcer, fonctionne­nt à plein régime et qu’une quatrième entrera en fonction bientôt.

Les Producteur­s et productric­es acéricoles du Québec (PPAQ) ajoutent pour leur part qu’environ 1,5 million de livres de sirop sont classés par jour. Le regroupeme­nt se dit conscient qu’il s’agit d’un sujet sensible pour les producteur­s. « C’est aussi un dossier qui concerne toute la filière acéricole. On travaille ensemble pour trouver des solutions à court, moyen et long terme », répondent les PPAQ lorsque questionné­s par La Terre.

En Estrie, l’acériculte­ur Jonathan Blais se garde de lancer la pierre aux inspecteur­s d’ACER Division Inspection. « Je les ai vus faire. Ils ont de la pression pour que ça roule et ils sont compétents, mais ce sont des humains », dit-il. Cependant, M. Blais affirme que les grands volumes de production d’aujourd’hui imposent des changement­s au classement. « C’est clair qu’il va falloir améliorer le processus ou trouver le moyen de les laisser classer le sirop 12 mois par année sans pénaliser les producteur­s », suggère-t-il.

Étant administra­teur pour les PPAQ, Jonathan Blais se fait appeler par des acériculte­urs qui lui témoignent leur besoin d’être payés rapidement. « L’inflation nous mange debout. Certains ont besoin d’argent. Des jeunes qui viennent de se partir ont de gros paiements. Ils ne peuvent pas trop attendre avant d’être classés », fait-il remarquer.

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Karine Douville n’a jamais vu autant de sirop en attente d’être livré dans sa cabane à sucre. Comme plusieurs, elle aimerait que le processus de classement soit plus rapide.

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