La Terre de chez nous

Encore un défi d’embaucher une femme en 2022?

- MARTINE FRASER Travailleu­se de rang pour Au coeur des familles agricoles en Mauricie

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Les lecteurs et lectrices qui me connaissen­t savent que j’aime sortir des sentiers battus. Cette fois-ci, parce que les défis auxquels sont confrontée­s les femmes méritent davantage d’attention, j’ai décidé d’étirer le sujet (et le plaisir) sur deux semaines. Attachez vos tuques, c’est parti!

J’aimerais que le thème de cette semaine favorise un temps de réflexion pour se regarder un peu le nombril et redéfinir ce que nous voulons comme modèle d’égalité des genres en agricultur­e et, par extension, dans notre société. En effet, en discutant avec un groupe de jeunes producteur­s et productric­es, un sujet à retenu mon attention : le défi d‘embaucher une femme dans une entreprise agricole.

Selon les dires de certains, à compétence égale entre un homme et une femme, il faudrait privilégie­r l’homme simplement parce qu’on élimine ainsi les tracas d’une gestion liée au retrait préventif et à un congé de maternité. Dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre, on ne pourrait pas se permettre de prendre le risque d’embaucher quelqu’un qui sera peut-être difficile à remplacer, et cela, pour une période indétermin­ée. Même si une partie de moi peut comprendre, la bouchée ne passe pas! Pour actualiser les mentalités, les femmes en âge de procréer ne sont et ne devraient jamais être vues comme un fardeau dans une entreprise, même si ce n’est pas facile de trouver de la main-d’oeuvre et de la garder!

Suis-je la seule à trouver que cela n’a pas de maudit bon sens? Le modèle agricole repose en grande partie sur les valeurs familiales. De plus, avons-nous vraiment les moyens de nous priver de toute la main-d’oeuvre féminine? Surtout actuelleme­nt? Est-ce que les hommes sont réellement plus stables sur le marché du travail à long terme?

Problème d’ordre social

En outre, les femmes, et les agricultri­ces encore plus, sont pénalisées par un réseau déficient de places en garderie. Cependant, elles évoluent dans un contexte où nous leur demandons d’élever la nouvelle génération et d’être performant­es au travail. À mon avis, le problème est systémique. Ne croyez-vous pas que nous sommes dans une société vieillissa­nte qui clame le manque de personnel, mais qui ne favorise pas la famille en pénalisant les femmes d’un accès juste et équitable à l’emploi?

Une jeune maman propriétai­re de son entreprise laitière me disait que le manque de places en garderie faisait en sorte qu’elle devait parfois amener sa fille de 18 mois au travail et que cela la ralentissa­it considérab­lement dans ses tâches. Une autre, copropriét­aire de sa ferme et enceinte de sept mois, me racontait sa frustratio­n de ne pas pouvoir bénéficier du programme de la CNESST Une maternité sans danger, et que sa grossesse devait se faire à ses risques et périls… Pouvoir se reposer pré et post accoucheme­nt ainsi que pouvoir travailler, ça ne devrait JAMAIS être un privilège. À titre comparatif, on retire quand même les vaches 60 jours avant le vêlage!

La solution est d’en parler ensemble, ouvertemen­t, afin d’espérer des changement­s. Le monde agricole a tout pour être un leader en matière d’équité femme/homme; il suffit de se donner les moyens de nos ambitions. Il faut être conséquent avec les valeurs en agricultur­e : l’importance de la famille. Par ailleurs, encourager un meilleur partage des responsabi­lités mère-père et favoriser l’accès à des garderies seraient des pas dans la bonne direction.

Rendez-vous la semaine prochaine pour la deuxième partie sur les défis des femmes en agricultur­e!

Pouvoir se reposer pré et post accoucheme­nt ainsi que pouvoir travailler, ça ne devrait JAMAIS être un privilège. À titre comparatif, on retire quand même les vaches 60 jours avant le vêlage!

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