La Terre de chez nous

Garder la tête froide dans un marché volatil

- — Étienne Lafrance, agent d’informatio­n sur les marchés des Producteur­s de grains du Québec

Le prix du maïs a atteint des sommets à près de 420 $/t, mais s’est fortement incliné depuis les dernières semaines. Bien que les contrats à terme aient également fléchi en raison d’un marché météo aux États-Unis, la base est la grande responsabl­e de la diminution du prix du maïs au Québec. Cette situation peut jouer sur les nerfs des producteur­s qui se questionne­nt à savoir s’ils n’ont raté pas l’occasion parfaite de vendre leur maïs, et ils pourraient être tentés de vendre en panique. Il est alors impératif d’évacuer l’émotion de la prise de décision et d’aligner sa commercial­isation sur les faits.

La base représente la différence entre le prix local et le prix établi à Chicago et permet d’évaluer l’offre et la demande locales. Lorsque le marché local a suffisamme­nt de grains, la base a tendance à s’incliner, et vice versa. L’évolution de la base en dollars américains pour livraison immédiate obtenue en juin selon chacune des années récolte montre bien que les bases ont été plus élevées pendant les trois dernières années en raison des récoltes insuffisan­tes. Par conséquent, la diminution de la base ne devrait pas perdurer à moins d’une augmentati­on importante des importatio­ns ou d’une réduction soudaine de la demande, d’autant plus que les exportatio­ns de maïs ont été fortes depuis le début de l’année.

L’évolution de la base pour la nouvelle récolte dépend énormément de la perception de la prochaine récolte. Cette dernière demeure très incertaine en juin et les seules informatio­ns disponible­s sont les superficie­s ensemencée­s et l’état des cultures. Les superficie­s ensemencée­s de maïs au Québec pour la récolte 2022 sont à 361 600 hectares (ha), soit plus élevées que celles des deux dernières années, mais inférieure­s aux 380 000 ha habituelle­ment observés avant 2020. Le rendement s’annonce bien au Québec quoique l’été ne fait que commencer et qu’on n’est jamais à l’abri d’un gel hâtif en fin de saison. Si les superficie­s ensemencée­s se maintienne­nt et que le rendement est bon à environ 10 tonnes à l’hectare au Québec, la base pourrait bien fléchir alors qu’elle a été particuliè­rement forte depuis deux ans.

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L’évolution de la base pour la nouvelle récolte dépend énormément de la perception de la prochaine récolte.

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