La Terre de chez nous

Bilan des cinq ans de Boeuf Québec

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca

La marque Boeuf Québec profite également de la forte demande des consommate­urs pour la viande hachée. « C’est actuelleme­nt notre meilleur vendeur », souligne le coordonnat­eur de l’initiative mise sur pied il y a cinq ans par la Société des parcs d’engraissem­ent du Québec, Jean-Sébastien Gascon.

Il assure que l’engouement pour l’achat local occasionné par la pandémie a propulsé la marque. Les ventes de Boeuf Québec doublent annuelleme­nt depuis 2020.

Lorsque la marque de commerce est née en 2017, près de 10 000 bouvillons (de jeunes boeufs) étaient abattus par année au Québec, explique M. Gascon. « Avant Boeuf Québec, les abattoirs Billette, Colbex et Laroche ont fait faillite. On avait l’impression que c’était la fin de l’abattage sous inspection fédérale pour le bouvillon au Québec, et en travaillan­t avec Forget au départ, en 2017 [qui a été racheté par Montpak en 2019], on a réussi à relancer l’intérêt des abattoirs », dit-il. Aujourd’hui, les abattoirs sous inspection fédérale abattent 35 000 bouvillons par année au Québec. Boeuf Québec commercial­ise la viande d’environ 10 000 d’entre eux et a l’objectif de multiplier cette quantité par neuf d’ici cinq ans (voir l’encadré).

Défis d’approvisio­nnement

Après avoir d’abord fait leur entrée dans les supermarch­és IGA en août 2019, les produits de Boeuf Québec sont désormais commercial­isés dans six grandes chaînes, dont Walmart. Le gérant des viandes et des poissons dans les marchés d’alimentati­on Pasquier, Alain Daigneault, soutient que les ventes des produits Boeuf Québec ont doublé entre 2021 et 2022, mais que l’organisati­on éprouve encore des problèmes de logistique qui nuisent à sa capacité d’approvisio­nnement. « J’ai voulu faire un spécial d’un produit avec eux il y a un mois et ils ne pouvaient pas m’approvisio­nner alors que je n’ai que deux magasins. Ce que je demandais [jouait] sur la capacité de produire, d’emballer et de livrer le produit. Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas le boeuf pour le faire. C’est une question de logistique au niveau de la découpe et de l’emballage », constate-t-il.

Jean-Sébastien Gascon reconnaît que la coordinati­on entre les maillons de la chaîne représente le principal enjeu. « Les abattoirs, il y en a. Les points un peu plus tannants, c’est la première transforma­tion, la mise en boîte », souligne le coordonnat­eur, en ajoutant que Montpak et Richelieu devraient accroître la capacité de première transforma­tion sous peu.

Le distribute­ur alimentair­e Milibec distribue les produits Boeuf Québec auprès de boucheries, de marchés d’alimentati­on et de restaurant­s. Le directeur des ventes, Jean-Hugues Demers, salue l’effort de marketing pour promouvoir la marque de commerce, notamment sur les emballages de produits individuel­s. Toutefois, il cible trois lacunes, soit la traçabilit­é, la constance des produits dans la catégorie AAA et l’abordabili­té des prix. « Je distribue à des jeunes boucheries qui aiment bien le boeuf du Québec, mais par contre, il est souvent plus cher, ajoute-t-il. Desfois,onadesprod­uitsdontle­sprixsont en dessous des prix du marché, et d’autres qui sont plus chers que le marché. On dirait qu’ils n’arrivent pas à se stabiliser. »

Une prime à venir?

Boeuf Québec n’est pas encore en mesure d’offrir une prime aux producteur­s qui l’approvisio­nnent, mais a embauché un agronome pour se pencher sur cette question. « L’idée, c’est de voir ce qui serait une carcasse plus payante. Est-ce qu’on est capable de donner une prime au producteur pour la produire? Après, ça pourrait être relié à des caractéris­tiques de réduction des gaz à effet de serre ou de durabilité. L’idée est de créer de la valeur pour le producteur et le consommate­ur », indique Jean-Sébastien Gascon.

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Boeuf Québec a doublé ses ventes annuelles depuis 2020, mais certains intervenan­ts estiment que le programme éprouve des problèmes de logistique qui nuisent à sa capacité d’approvisio­nnement.
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Jean-Sébastien Gascon

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