Réflexion sur l’avenir de l’agriculture
Mes parents avaient une ferme laitière de troisième génération et ils ont vendu les vaches il y a deux ans. Ma conjointe et moi louons présentement une terre et essayons de partir notre propre projet. Nous travaillons tous les deux en dehors de la ferme pour être en mesure de démarrer, mais on a de la misère à aller chercher nos subventions. Comme d’autres relèves, le temps partiel nous fait un peu « chier », mais on a comme objectif de rentrer à temps plein l’an prochain et de prendre de l’expansion avec d’autres projets comme le tournesol, l’agrotourisme et l’huile. Nous aimerions également augmenter le volume de légumes et de fleurs en construisant un kiosque à la ferme.
Le Québec ne fait que commencer progressivement sa sortie vers le déconfinement. Beaucoup de questions restent encore sans réponse dans tous les domaines. Plusieurs font face à une grande incertitude quant à l’agriculture de demain. Au cours de la prochaine année, il sera primordial de se pencher sur la question, à savoir ce que nous voulons en tant qu’agriculteurs et comment nous voulons rendre nos produits de qualité accessibles aux consommateurs à juste prix pour les deux parties. Avec la campagne et le mouvement actuel incitant à manger local, il y aura, selon moi, plusieurs leçons apprises ainsi que des changements à apporter à notre société dans notre façon de consommer.
Les fermes d’aujourd’hui grossissent et sont plus performantes. On fait plus avec moins. Si on recule de 50 ans, nous avions plus que le double de fermes qui nourrissaient le Québec avec des systèmes de mise en marché différents de ceux utilisés actuellement. Il faudra se poser la question : Pourquoi c’est rendu si difficile de s’établir en agriculture et pourquoi l’accès aux terres est quasi impossible? Je crois qu’il sera primordial d’encourager et de soutenir encore plus les jeunes à se partir en agriculture, en achetant local et sur circuit court. En achetant directement du producteur, on encourage un jeune entrepreneur d’ici, et non un intermédiaire.
La richesse d’un peuple, c’est son économie et la base première de cettedite économie, c’est l’agriculture. Ça fait partie des besoins essentiels de la vie, soit dormir, respirer, boire et manger. Cette crise nous aura peut-être permis de nous ouvrir les yeux pour travailler ensemble afin de remodeler la façon dont les Québécois consomment.
L’accès à la terre encore extrêmement difficile, surtout pour une relève voulant s’établir à partir de rien, n’empêche pas certains de se partir à petite échelle et de revenir sur le concept qu’on avait il y a 50 ans. Il faut prôner une agriculture à circuit court ainsi que la vente directe afin d’établir un contact avec le consommateur en lui expliquant véritablement ce qu’il mange et comment l’agriculteur qui est devant lui a cultivé ses produits avec amour et passion.