La Terre de chez nous

Déclin de la production de bouvillons au Québec

- — Maxime d’Almeida, M. Sc., conseiller aux affaires économique­s des Producteur­s de bovins du Québec

La production de bouvillons au Québec est en chute libre depuis 2008, soit le début du resserreme­nt graduel des critères d’applicatio­n du programme d’assurance stabilisat­ion des revenus agricoles (ASRA). Depuis lors, la production a perdu en moyenne 8 % de son cheptel chaque année. La baisse a temporaire­ment été stoppée par la hausse exceptionn­elle des prix du boeuf dans les années 2014 et 2015. Le nombre de bouvillons assurés à l’ASRA est passé de 155 619 têtes en 2002 à 73 803 têtes en 2021, soit une baisse de plus de 52 %. La baisse du volume s’est aussi accompagné­e d’un désintéres­sement des producteur­s. En 2002, 445 producteur­s étaient inscrits au produit bouvillon du programme ASRA. En 2021, il ne reste plus que 229 entreprise­s impliquées dans la production. Cette année encore, le nombre de bouvillons commercial­isés à travers l’agence de vente est en baisse de 20 % par rapport à 2021. À cette allure, la production de bouvillons devrait passer sous la barre des 65 000 têtes en 2022. Il s’agirait du volume le plus bas commercial­isé depuis 1987!

Bien que le resserreme­nt de l’ASRA en 2008 ait nui au secteur, la hausse du prix des grains explique la récente baisse de la production. En effet, les producteur­s d’ici disposent d’importante­s superficie­s en cultures. La dernière étude de coût de production du bouvillon réalisé par le Centre d’études sur les coûts de production en agricultur­e rapporte que l’entreprise moyenne cultive 400 ha dont près de la moitié sont ensemencés en maïs-grain. Depuis quelques années, l’activité culture a le potentiel de générer des marges positives bien au-dessus des marges, souvent négatives, de l’activité bouvillon. De plus en plus d’entreprise­s font donc le choix de diminuer le cheptel ou même d'arrêter la production de bouvillons au profit des cultures. Quant à la relève, elle semble peu encline à faire face aux importante­s fluctuatio­ns de marges et aux enjeux d’accès aux crédits à court terme.

Le déclin de la production n’est pas sans conséquenc­e pour les producteur­s de veaux d’embouche qui approvisio­nnent les producteur­s de bouvillons. De plus, certains abattoirs québécois expriment des inquiétude­s quant à leur capacité à répondre à la forte demande locale. L’ensemble des acteurs de la filière s’attellent déjà pour la relance du secteur. Les prochains mois seront déterminan­ts pour la filière bovine québécoise.

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