Le système breton d’offre collective examiné par des maraîchers du Québec
Éprouvés par l’incertitude climatique à laquelle ils font face et par l’instabilité des prix qu’ils obtiennent pour leurs produits, des maraîchers du Québec estiment qu’une réflexion s’impose quant à leur modèle de mise en marché. Le système d’offre colle
En Bretagne, les maraîchers mettent en marché collectivement plus de 145 types de fruits et légumes, soit 85 % de tout ce qui est cultivé dans cette région de la France. Une structure très élaborée leur permet, par exemple, d’établir euxmêmes des prix de vente plancher pour chaque produit et d’appliquer une gestion serrée de l’ensemble des volumes récoltés quotidiennement. Ils limitent ainsi les risques de suroffre par rapport à la demande et les chutes de prix radicales.
Ce sont en fait 1 300 fermes bretonnes qui s’unissent pour mettre en commun leur offre de fruits et légumes par l’entremise du Cerafel, une association de coopératives créée en 1965. « L’idée était de rassembler tout le monde pour essayer d’avoir une même vision des choses sur la défense du revenu du producteur », a affirmé le président du Cerafel, Marc Keranguéven, lors d’une présentation, en visioconférence, devant les maraîchers du Québec, réunis en assemblée générale annuelle. « Pour chaque produit […], c’est un groupe de producteurs qui définit un cahier des charges dans lequel on va retrouver, par exemple, les variétés, les normes et un prix en dessous duquel on refuse les ventes », a précisé celui qui est lui-même producteur à Lannilis.
Dans la salle, à la mi-novembre, bon nombre de maraîchers québécois, qui conjuguent chaque année avec des prix instables et un pouvoir de négociation limité par rapport aux acheteurs, ont semblé captivés par la présentation du producteur breton. Ç’a été le cas de Geneviève Guinois-Côté, productrice à SaintJacques-le-Mineur, en Montérégie. « Est-ce que c’est vraiment ça, la solution pour le Québec, se collectiviser? Je ne sais pas, mais ce sont des discussions qu’on doit avoir. Il faut que quelque chose change dans notre mise en marché », signifie, en entrevue, la copropriétaire de la Ferme maraîchère A. Guinois et Fils.
Un producteur de Saint-Lin–Laurentides, dans Lanaudière, Guillaume Henri, est du même avis. « Ce que je déplore, c’est qu’on soit fragmentés. Dans la betterave, on est une vingtaine de producteurs. Je pense que de faire front commun serait bénéfique pour nous », avance-t-il.
Des ventes aux enchères quotidiennes
Tous les jours, en Bretagne, des fruits et légumes frais récoltés la veille sont vendus en lots, au moyen d’un système d’enchères dégressives. Les prix de départ sont établis selon la loi de l’offre et de la demande, mais ne peuvent descendre en dessous des prix plancher déterminés par les producteurs. Lorsqu’on observe que l’offre surpasse la demande, des fruits et légumes sont envoyés en transformation à prix moindre pour « soulager le marché » du frais. En parallèle au système d’enchères quotidiennes, des volumes sont aussi réservés à des clients sur une base hebdomadaire ou annuelle, par exemple sous forme de contrats.