Maîtres-éleveurs après des années de passion et de travail
Douze producteurs laitiers du Québec ont réalisé l’exploit de devenir Maîtres-éleveurs Holstein pour l’année 2023, soit la meilleure récolte de tous les temps pour la province. De ce nombre, neuf ont obtenu le prestigieux titre pour la première fois, après des années de travail.
« Ce qui nous rend le plus fiers, c’est d’avoir réussi à développer des familles de vaches. Il y en a qui en achètent, mais nous, on voulait s’essayer avec nos vaches à nous. On se demandait si on était capables d’amener notre troupeau là », témoigne Régis Lepage, copropriétaire de la Ferme Jolipré Holstein, dans le Bas-Saint-Laurent. Ce producteur de Saint-Moïse raconte avoir amélioré progressivement la génétique de son cheptel sur six générations de vaches depuis les années 2000 avant de devenir Maître-éleveur pour la première fois, le 13 janvier. En cours de route, sa ferme avait aussi été couronnée championne de la qualité du lait d’Agropur à trois reprises, de 2016 à 2018.
« Pour moi, tout est lié. L’objectif, c’est d’avoir des vaches solides, en santé, qui vont produire du lait de qualité. Ce sont des détails et de la constance. C’est de tout le temps vouloir s’améliorer et bien utiliser ses outils pour corriger les défauts. »
Un grand honneur, sans être un but
Pour le propriétaire de la Ferme Beaudoin Bégin, en Abitibi-Témiscamingue, Fabien Beaudoin, le titre de Maître-éleveur est un grand honneur qu’il affirme, en revanche, ne jamais avoir cherché à obtenir à tout prix.
« Ma mère, c’était son rêve. Depuis que je suis jeune, c’est comme la Coupe Stanley pour un producteur de lait. Moi, quand j’ai appris que je l’étais cette année, j’étais plus que content, mais je ne me levais pas le matin en me disant : ‘‘Je vais être Maître-éleveur’’ », témoigne ce passionné d’élevage de Palmarolle.
Ce dernier adore prendre soin de ses animaux et avoir de belles vaches, mais accorde aussi beaucoup d’importance à la rentabilité de la ferme. « Ici, les vaches sont productives; elles durent longtemps dans le troupeau. Pour [obtenir le titre de Maître-éleveur], ça prend la passion. Si tu n’aimes pas ce que tu fais, ce n’est pas quelque chose que tu peux avoir. Ça prend du temps avant d’avoir de bons résultats. C’est du temps à l’étable. Moi, je me lève à 4 h et je finis à 7 h le soir, tous les jours. »
Relève à la Ferme Ginel, également honorée pour la première fois cette année, Benoît Gherardi compare
l’obtention du titre de Maître-éleveur à un marathon, qui est le résultat, en ce qui le concerne, de plusieurs années de travail pour améliorer la longévité du troupeau. « C’est une consécration, d’une certaine façon, mais je ne peux pas dire que ça a toujours été un but. À force de recevoir des rapports, en s’améliorant constamment, on s’est rendu compte que c’était un objectif atteignable », indique ce producteur de SaintIgnace-de-Stanbridge, en Estrie. « Nous, notre force, c’est la conformation des vaches. On a de très bonnes classifications depuis plusieurs années. Il nous manquait la production quotidienne, qui était un peu notre faiblesse, mais en contrepartie, on essaie de faire durer les vaches le plus longtemps possible, pour qu’elles produisent longtemps », explique celui qui mise notamment sur le confort des animaux, tous logés sur litière accumulée de paille.
Le titre de Maître-éleveur qu’il obtient finalement est pour lui l’équivalent d’être intronisé au Temple de la renommée du hockey. « Ça va nous suivre et faire partie de nos meilleurs souvenirs d’éleveurs », dit-il.