La Terre de chez nous

Le Montréal Métropolit­ain veut continuer à protéger son garde-manger

- SOPHIE LACHAPELLE slachapell­e@ laterre.ca

Les 82 municipali­tés de la Communauté métropolit­aine de Montréal (CMM), qui ont instauré un programme de compensati­on financière pour préserver la zone agricole de leur territoire, ont demandé au gouverneme­nt québécois de reconduire le financemen­t de celui-ci, qui se termine, en principe, à la fin 2024. Cette demande figurait en tête de liste des requêtes déposées à la fin janvier, dans le cadre de la Consultati­on nationale sur le territoire et les activités agricoles. Depuis 2019, le programme de compensati­on aux municipali­tés rurales permet en effet de soutenir financière­ment 19 municipali­tés, afin d’aider à freiner l’empiétemen­t sur la zone agricole par du développem­ent immobilier.

Ces municipali­tés, qui détiennent une forte proportion de territoire agricole, mais une faible proportion de population, peuvent, grâce à ce programme, toucher l’équivalent de 10 ans de revenus fiscaux qui proviendra­ient de développem­ent immobilier. « Elles représente­nt 4 % de la population de la CMM, mais 42 % de ses zones agricoles. Ces villes sont les gardiennes du territoire agricole », explique Maël Bureau-Blouin, conseiller de recherche aux services administra­tifs et corporatif­s de la CMM. Ce dernier cite en exemple la ville de Calixa-Lavallée, non loin de Verchères, en Montérégie, qui compte 597 habitants, mais dont 99 % du territoire est en zone agricole.

Ce programme est financé à 50 % par le ministère des Affaires municipale­s et de l’Habitation (MAMH) et à 50 % par les villes de la CMM. «Ce sont les plus grandes villes, urbanisées, qui supportent les plus petites, explique M. Bureau-Blouin. L’avantage de ce système pour ces petites villes, c’est que c’est plus simplequed’avoiràsoum­ettredesde­mandes de financemen­t pour des projets.»

Le conseiller de recherche précise que les villes ne peuvent utiliser cet argent pour baisser leurs impôts. Il doit être investi

dans les infrastruc­tures et les services à la population. « Ça contribue à leur vitalité », dit-il. Parmi la centaine de projets qui ont vu le jour, on compte la constructi­on de centres multifonct­ionnels et l’aménagemen­t de pistes cyclables. Certains ciblent également l’agricultur­e. C’est le cas de la ville de Sainte-Anne-des-Plaines, dans les Basses-Laurentide­s, qui a pu investir dans un programme d’écofiscali­té, en offrant une subvention aux agriculteu­rs pour de bonnes pratiques environnem­entales, comme la création de bandes riveraines.

On estime qu’à son échéance, à la fin 2024, le programme aura permis de verser un total de 30 millions à ces municipali­tés. Pour le prolonger jusqu’en 2034, le gouverneme­nt provincial devra contribuer à raison de 2,5 M$ par année. « On travaille fort pour que ce soit reconduit, dit M. Bureau-Blouin. Et si les agriculteu­rs veulent aider, ils peuvent contacter le député provincial de leur circonscri­ption! »

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L’un des exemples de projets réalisés grâce au programme de rétributio­n de la CMM est le réaménagem­ent, à Saint-JeanBaptis­te, du Jardin potager du curé et la constructi­on d’un pavillon pour une classe extérieure.
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Maël Bureau-Blouin

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