Valorisation de la profession
Q Est-ce que vous croyez qu’une partie de la valorisation de la profession peut passer par la valorisation des produits de nos agriculteurs et agricultrices?
R Stéphane Bisaillon (producteur de grains et 2e vice-président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie) : Je pense que la valorisation, c’est d’inculquer des habitudes chez les consommateurs. Tu roules sur l’autoroute 20 vers Québec, tu arrêtes chez Lemaire pour acheter du fromage. C’est comme arrêter à la crèmerie si tu vas à Coaticook. Et il y en a des tonnes, des exemples de la sorte. Ça doit devenir une destination dans un voyage, un arrêt obligatoire. Il faut donner le goût aux citadins d’arrêter et d’aller goûter les produits directement où ils sont produits. Ça fait une énorme différence.
R Anne-Marie St-Germain (présidente de l’organisme sans but lucratif École-O-Champ) : Il pourrait y avoir plus d’appellations contrôlées ici au Québec. On en a quand même peu par rapport à d’autres pays ou d’autres régions du monde. On produit des aliments de très haute qualité avec des normes élevées. Il faudrait mettre l’accent là-dessus. Les gens sont fiers d’acheter local, même s’il existe une dualité entre le prix et la provenance.
R Ginette Lafleur (directrice à l’expertise et au contenu pour l’organisme Au coeur des familles agricoles) : Je veux seulement apporter une petite nuance. J’ai constaté en Suisse, par exemple, avec les producteurs de lait pour le gruyère ou en Franche-Comté, les producteurs pour le Comté. Ils perçoivent davantage de reconnaissance que le producteur de lait dans le conventionnel parce que c’est un produit de niche. Par contre, ça vient avec des gros cahiers de charge, c’est certain. Ce que je voyais aussi, c’est que ça créait un peu deux classes de producteurs. On se ramasse avec celui qui produit pour des bons produits et celui qui produit de façon industrielle. Je n’aimais pas la division que ça créait au sein même des producteurs. Il faut se méfier de ceci.