Le plateau des 15 $ l’heure déjà redouté en 2016
Déjà, en 2016, alors que le salaire minimum au Québec était de 10,75 $ l’heure, les producteurs de fraises et de framboises de la province s’inquiétaient du jour où le taux horaire atteindrait 15 $ l’heure. Ces employeurs, pour qui la main-d’oeuvre représente plus de 50 % des coûts de production, calculaient à l’époque qu’un tel taux horaire serait une menace à la rentabilité de leur ferme.
Huit ans plus tard, alors que ce fameux plateau est atteint et que la rémunération à verser à leurs travailleurs étrangers augmentera à 16,02 $ l’heure en mai, certains estiment que le fardeau à absorber est égal à ce qu’ils avaient anticipé, sinon pire. Depuis 2016, d’ailleurs, 57 fermes membres de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec (APFFQ) ont délaissé la production, le nombre d’entreprises étant passé de 392 à 335. « L’année 2024 va être cruciale pour la production de fraises. On se pose de sérieuses questions sur la pérennité du secteur », s’est inquiétée la directrice générale de l’APFFQ, Stéphanie Forcier.
Selon des calculs faits par son organisation, les autres frais que doivent assumer les employeurs de main-d’oeuvre étrangère, par exemple pour le logement et le transport, équivalent à un taux horaire supplémentaire de 3,50 $ l’heure par travailleur. « Avec l’augmentation qui s’en vient, ce sera comme si on les payait 19,52 $ l’heure. »
Le producteur Guy Pouliot signale que le salaire des TET aura bondi de 49 % depuis 2016. « Là, on est huit ans plus tard et on a le nez dedans en tabarouette. Avec toutes les représentations qu’on a faites au fil des ans auprès du gouvernement pour avoir de l’aide, c’est incroyable que rien n’ait été fait », s’indigne-t-il. Son confrère Simon Charbonneau, producteur de fraises à Sainte-Anne-des-Plaines, dans les Laurentides, est du même avis. « Il y a une limite à ce qu’on peut transmettre aux consommateurs. On est tannés de se battre », plaide-t-il.