La Terre de chez nous

Maniaque d’économie d’eau

- SOPHIE LACHAPELLE slachapell­e@

Environ 1,5 million de litres d’eau, voilà ce qu’économise chaque année l’horticulte­ur Jonathan Dansereau, propriétai­re d’un centre jardin en Estrie, pour qui l’autonomie, dont celle en eau, est une valeur cardinale.

Cette économie, il la réalise grâce à un système d’arrosage de pointe dans lequel il a investi environ 500 000 $ depuis qu’il a acquis l’entreprise, il y a sept ans. Ce centre jardin d’Ayer’s Cliff avait alors 52 ans d’existence. « La première année, on n’a rien changé. On a commencé par regarder ce qu’ils faisaient de bien. Parce qu’après tout ce temps en affaires, il y en avait nécessaire­ment », dit l’entreprene­ur détenant une maîtrise en gestion des affaires et qui, déjà à l’âge de neuf ans, possédait sa propre entreprise d’aménagemen­t paysager.

Rapidement, après le stade d’observatio­n, les projets se sont accumulés, le plus spectacula­ire étant sans aucun doute le système de gestion de l’eau. Jonathan Dansereau a commencé par optimiser les actifs de la propriété, à savoir les deux lacs qui s’y trouvent. Il a modifié la pente du terrain pour leur assurer un meilleur approvisio­nnement. Le système d’arrosage qu’il a ensuite installé est basé sur des tables d’inondation. «Ça fonctionne pratiqueme­nt en circuit fermé, explique-t-il. L’eau est déversée sur des tables où se trouvent les plants, dans des pots percés en plastique ordinaires. Elle y reste un certain moment, selon les besoins des plantes. C’est géré avec mon téléphone cellulaire. Ensuite, l’eau est évacuée grâce à une petite pente dans la table, puis elle est filtrée. L’eau est récupérée à 98 %. » Il précise que le système est doté de 145 zones différente­s, ce qui permet de s’ajuster aux besoins des différents types de plants.

Le système a plusieurs avantages à ses yeux. « J’économise les salaires de deux employés qui s’occupaient de l’arrosage, mentionne-t-il. Ensuite, je récupère mes engrais bio, ce que permet ce système. L’arrosage par le bas est aussi meilleur pour la santé des plantes, puisqu’on n’arrose pas les feuilles, ce qui réduit les

besoins en pesticides et fongicides. Je n’en utilise pratiqueme­nt pas. »

Finalement, le système a l’avantage d’augmenter la résilience de l’entreprise. «Il y a deux-trois ans, on a eu une période de sécheresse et les cultivateu­rs ont dû faire venir des camions-citernes, raconte M. Dansereau. Un jour, je pourrais recevoir un appel de la ville nous disant qu’on ne pourra plus arroser et qu’on va utiliser l’eau pour les citoyens plutôt que pour les plantes. Et ce serait compréhens­ible.»

Éducation des clients

En plus d’économiser l’eau, l’entreprene­ur éduque ses clients sur différents enjeux environnem­entaux. On trouve sur son site différents panneaux didactique­s, portant sur ses tables d’inondation, sur l’importance des bandes riveraines, sur les îlots de chaleur et sur les barils de récupérati­on d’eau. « C’était important pour moi de montrer ce qu’on fait, mais ce que nos clients peuvent faire chez eux également », précise-t-il. Sur chaque panneau, on trouve un code QR qui mène au site de l’entreprise, où l’on trouve plus de documentat­ion.

Après avoir investi en parallèle un autre montant de 500000 $ pour tripler la surface des serres de production, qui atteint maintenant 24000 pieds carrés, le propriétai­re ne compte pas s’arrêter de si bon chemin. «On veut végétalise­r notre stationnem­ent, qui est présenteme­nt en gravier, dit-il. Si je n’arrive pas à trouver un moyen satisfaisa­nt, je vais trouver une façon de récupérer l’eau de surface. Il faut qu’on donne l’exemple.»

 ?? ?? Le système d’arrosage sophistiqu­é repose sur des tables d’inondation, où baignent les plants. Il fonctionne pratiqueme­nt en circuit fermé. Ce type d’équipement est encore rare au Québec, mais, selon l’horticulte­ur Jonathan Dansereau, il est appelé à se répandre.
Le système d’arrosage sophistiqu­é repose sur des tables d’inondation, où baignent les plants. Il fonctionne pratiqueme­nt en circuit fermé. Ce type d’équipement est encore rare au Québec, mais, selon l’horticulte­ur Jonathan Dansereau, il est appelé à se répandre.
 ?? ?? Jonathan Dansereau a commencé par modifier la pente du terrain pour assurer un meilleur approvisio­nnement aux deux lacs qui s’y trouvent.
Jonathan Dansereau a commencé par modifier la pente du terrain pour assurer un meilleur approvisio­nnement aux deux lacs qui s’y trouvent.

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