La Terre de chez nous

Les outils des Brésiliens pour produire du lait malgré la chaleur

- MARC-HENRY ANDRÉ Collaborat­ion spéciale

SÃO GONZALO DO PARA – Sur 300 hectares de petite montagne, Leandro Costa, 38 ans, conduit un cheptel de 300 hollandais­es croisées zébu, à São Gonzalo Do Para, au Brésil. Il produit

8 000 litres par jour. La chaleur est un défi permanent. Dans un hangar faisant office d’étable, il a donc installé une batterie de 36 ventilateu­rs d’un mètre de diamètre couplée à des brumisateu­rs, qui fonctionne­nt 24 heures sur 24. La salle de traite en est également équipée.

Sous ce hangar de 49 m sur 120 m, un sol de copeaux de bois retourné tous les jours par un tracteur assure un confort optimal aux vaches et fournit par la suite un précieux engrais. « Ce bâtiment m’a coûté 2 700 $ CAN par animal », mentionne Leandro. Sa coopérativ­e lui reverse 0,57 $ par litre de lait.

Le recours aux prairies autochtone­s tropicales, de l’espèce brachiaria, est un autre levier technologi­que face à la chaleur.

Importatio­ns de poudre de lait

Grâce à ce type d’investisse­ment, le cheptel laitier brésilien a atteint des niveaux de performanc­e remarquabl­es sous un climat tropical, souvent au-delà de 40 litres par vache chaque jour. Mais cela ne suffit pas. Le Brésil reste incapable de répondre à la demande de lait de ses 200 millions de consommate­urs, pour la majorité desquels les produits laitiers de qualité restent un luxe.

De fait, le Brésil n’a jamais autant importé de poudres de lait. Ceci auprès de l’Argentine (à 70 %) et de l’Uruguay (25 %). Ces importatio­ns brésilienn­es, qui représente­raient d’ordinaire environ 3 % de l’offre du marché brésilien, auraient cumulé, en 2023, environ 11 %, selon la Coopérativ­e centrale des producteur­s ruraux (CCPR). « Nous souffrons comme jamais auparavant du libre-échange au sein du Mercosur », résume le président du CCPR, Marcelo Candiotto, qui fait du lobby à Brasilia.

Son inquiétude provient du fait que si le Brésil importe aujourd’hui plus de 200 millions de litres de lait par mois, dit-il, c’est parce qu’en Argentine, le prix payé aux laitiers est de 0,41 $ CAN le litre, soit en dessous du coût de production au Brésil, déplore-t-il.

Si, au Brésil, c’est Lactalis qui mène le bal, en Argentine, Saputo est devenu récemment le premier transforma­teur de lait du pays (depuis 2020, selon l’Observatoi­re de la filière laitière argentine) avec un parc de tours de séchage qui doit également lui permettre d’approvisio­nner le marché brésilien.

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Sous un hangar faisant office d’étable, un sol de copeaux de bois retourné tous les jours par un tracteur assure aux vaches un confort optimal et fournit de l’engrais au bout de deux ou trois ans.
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Une batterie de 36 ventilateu­rs d’un mètre de diamètre est couplée à des brumisateu­rs, qui fonctionne­nt 24 heures sur 24. La salle de traite en est également équipée.
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L’éleveur a investi l’équivalent de 2 700 $ CAN par vache dans ce hangar relié à une station d’épuration des eaux usées.
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Leandro Costa, 38 ans, a repris la ferme en main à la suite d’un accident de santé de son père.

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