La Terre de chez nous

Quand donner à forfait le ménage de son boisé permet de faire de l’argent

- MARTIN MÉNARD

Plusieurs boisés de ferme sont oubliés au bout des champs, constate l’ingénieur forestier Julien Moreau. Ceux-ci auraient avantage, selon lui, à être aménagés afin d’y récolter des essences arrivées à maturité qui entament leur déclin ainsi que d’y prélever les arbres croches ou malades. Un tel ménage peut d’ailleurs se révéler payant pour le propriétai­re, qui reçoit généraleme­nt une intéressan­te somme d’argent pour chaque hectare où des arbres sont récoltés. Sans compter que l’entretien d’un boisé en augmentera la valeur à long terme.

« Souvent, il y a une bonne partie des lots qui ont du potentiel, mais ce potentiel n’est pas connu des propriétai­res. Notre but en effectuant des travaux sylvicoles, c’est d’améliorer ce potentiel de leur forêt. Les propriétai­res ne peuvent pas être perdants », souligne M. Moreau. Le montant que reçoit le propriétai­re varie évidemment selon les essences et le volume d’arbres récoltés, mais l’ingénieur affirme remettre habituelle­ment aux propriétai­res une somme nette de 500 $ à 1 500 $ l’hectare pour des travaux qui peuvent ensuite être répétés tous les 15 ans environ.

Clé en main

Améliorer son boisé peut sembler une tâche ardue pour des producteur­s agricoles qui ne disposent ni du temps ni des équipement­s nécessaire­s. « Il y a des fermes qui n’ont pas le temps ou qui ne connaissen­t pas leurs boisés qui sont sur le bout de leur terre. On leur offre du clé en main en s’occupant du plan d’interventi­on, des permis avec la municipali­té, de trouver l’entreprene­ur forestier, de s’assurer qu’il coupe les bons arbres. Ensuite, on résume les travaux dans un tableau pour que le propriétai­re comprenne bien ce qui a été fait et on lui envoie le chèque », énumère le propriétai­re de l’entreprise Sylva Croissance, dans Lanaudière, laquelle offre les services en génie et en aménagemen­t forestier. Il n’est d’ailleurs pas le seul à proposer ce concept d’aménagemen­t; la majorité des groupement­s forestiers l’offre aussi.

Au moment de l’entrevue, le 6 février, Julien Moreau était justement en train d’aménager la forêt de 17 hectares d’un producteur d’asperges dans le but d’accroître la croissance de ses érables rouges et d’améliorer son peuplement de pruches. Il ajoute que dans certains cas, une partie de l’aménagemen­t peut viser à améliorer le potentiel faunique. En intensifia­nt les coupes par endroits, les arbres et les arbustes profitent de la lumière pour repousser avec une plus grande densité, ce qui crée un garde-manger et un abri pour la faune.

Il existe cependant des boisés plus pauvres, où les travaux dans des peuplement­s de faible valeur n’apporteron­t pas de gains financiers notables aux propriétai­res. Il en va de même si les infrastruc­tures sont déficiente­s. « S’il faut construire un pont à 20 000 $ pour donner accès aux machines, les travaux seront durs à rentabilis­er », nuance M. Moreau.

« Souvent, il y a une bonne partie des lots qui ont du potentiel, mais ce potentiel n’est pas connu des propriétai­res. » – Julien Moreau

L’ingénieur forestier assure néanmoins qu’avec les changement­s climatique­s, les propriétai­res ont plus que jamais avantage à effectuer des travaux pour rendre leur forêt saine et vigoureuse afin qu’elle résiste mieux aux maladies de même qu’aux ravageurs exotiques.

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Des boisés en bout de champ peuvent parfois renfermer des arbres dont la valeur est surprenant­e. Une coupe sélective permet d’en tirer profit, tout en créant des trouées qui améliorero­nt la croissance des arbres restants.
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De petites coupes totales génèrent un revenu immédiat et permettent un reboisemen­t avec différente­s essences qui augmentent la diversité et la résilience future de la forêt.

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