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Fin de la Société des éleveurs de chèvres laitières de race du Québec

- SOPHIE LACHAPELLE slachapell­e@ laterre.ca

La Société des éleveurs de chèvres laitières de race du Québec (SECLRQ) a cessé ses activités le 31 décembre, après 38 ans d’existence.

Cette fermeture n’a pas surpris l’éleveuse Sophie Girouard outre mesure. « Elle avait réduit de plus en plus ses activités ces dernières années », dit cette ancienne administra­trice de la SECLRQ.

Selon la directrice générale, Catherine Michaud, cette fermeture s’explique entre autres par la fin du programme de subvention­s PAFRAD du ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ). « Il permettait de payer les frais d’administra­tion et d’opération, comme le site Web, la vérificati­on des états financiers, etc., dit celle qui reste en fonction jusqu’à la fin février. Les programmes de financemen­t pour des projets spéciaux, ça ne paie pas ce genre de dépenses. »

À cela, il faut ajouter les difficulté­s qu’a connues le secteur caprin ces dernières années. « Il y a une quinzaine d’années, on était environ une centaine, estime Sophie Girouard.

Ça avait baissé à une soixantain­e en 2019, mais les volumes se maintenaie­nt. À partir de là, il y a eu le départ d’Agropur [comme acheteur], la baisse de prix du lait de 5 % et le départ de Liberté. Beaucoup de producteur­s sont partis; on est une trentaine maintenant. »

Si certaines activités, comme l’inséminati­on artificiel­le, ont été reprises par le Centre d’expertise en production ovine du Québec, d’autres ne pourront être pris en charge. « On avait des projets, comme un calendrier de production,

qui étaient pratiqueme­nt aboutis et qui vont tomber entre les craques », déplore Catherine Michaud.

Selon l’agronome de formation, qui a aussi déjà été éleveuse de chèvres, la fermeture de la SECLRQ soulève l’enjeu du financemen­t des plus petites associatio­ns de producteur­s agricoles. « Clairement, le MAPAQ est en train de se désengager des petites production­s, estime-t-elle. Je ne dis pas que le ministère n’a plus de rôle à jouer, mais il faut cesser de penser que c’est la seule solution. Comme industrie, on pourrait s’asseoir tout le monde ensemble : les producteur­s de lait de chèvre, ceux de chèvres de boucherie et de mohair, avec les organisati­ons parallèles et même les clients, afin de voir comment on peut miser sur les ressources et les expertises de chacun. Les clients ont tout intérêt à se demander ce qu’ils peuvent faire pour soutenir les éleveurs. » Elle suggère à cet égard que la Table filière laitière caprine joue un rôle de coordinati­on.

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Troupeau de chèvres de race Alpine, la plus répandue au Québec pour la production laitière.
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Catherine Michaud

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