La Terre de chez nous

Poussée de croissance pour les ALUS au Québec

- SOPHIE LACHAPELLE slachapell­e@

Après son arrivée en Montérégie en 2016, l’organisme ALUS, qui soutient les projets de biodiversi­té soumis par des agriculteu­rs, s’est étendu en Outaouais (2021), dans Chaudière-Appalaches (2022), puis finalement à Laval, à Montréal et dans les Laurentide­s (2023). Inaugurée officielle­ment à l’automne, la section Laurentide­s a démarré sur les chapeaux de roues.

Pour l’année 2023, 15 projets ont été réalisés en Outaouais et 7 dans les Laurentide­s. « Ç’a quasiment décollé trop vite! » s’exclame Maria José Maezo, conseillèr­e en agroenviro­nnement et coordonnat­rice du programme ALUS à la Fédération de l’UPA Outaouais-Laurentide­s.

Ce sont les syndicats locaux de l’UPA qui ont demandé à ce que l’organisme ALUS (pour Alternativ­e Land Use Services) soit présent dans leur région. Grâce au financemen­t de grandes entreprise­s à l’échelle canadienne­s, comme Weston, A&W, General Mills et la Banque TD, ALUS distribue près de 12 M$ dans le pays, et à ce montant s’ajoutent des sommes récoltées localement, auprès des entreprise­s privées, des organisati­ons environnem­entales et des programmes gouverneme­ntaux locaux. L’argent est versé aux agriculteu­rs pour des projets d’implantati­on de bandes riveraines, de haies brise-vent, de fauche de cultures retardées, de rétablisse­ment de zones humides ou, parfois, de rotation de pâturages.

La popularité d’ALUS est due, selon le président d’ALUS Canada, Bryan Gilvesy, au mode de fonctionne­ment de l’organisme. Car en plus d’être accompagné­s dans le développem­ent de leur projet par des employés de l’UPA attitrés aux ALUS, les agriculteu­rs reçoivent, si leur projet est retenu par leur comité régional, une somme pour l’implantati­on, de même qu’un montant récurrent pour le maintien du projet.

En effet, précise M. Gilvesy, l’idée est de compenser les lacunes du présent système. « Le marché actuel donne aux agriculteu­rs seulement un prix pour le produit qu’ils vendent, explique-t-il. Nous, nous compensons pour la restaurati­on de la nature, pour les services qu’elle nous rend et qui sont irremplaça­bles. » Maria José Maezo abonde dans le même sens : « L’une de nos lignes, c’est de cultiver la nature, précise-t-elle. Les agriculteu­rs ne vont pas se mettre riches avec ça, mais ça compense pour leur perte. »

Outre le soutien technique et financier, la conseillèr­e explique l’attrait du programme ALUS par le fait que les agriculteu­rs ne craignent pas d’être mis à

l’amende pour des questions environnem­entales. « On travaille aussi avec toute sorte d’agriculteu­rs, fait-elle valoir, pas juste des gens qui sont dans la transition écologique, mais aussi des agriculteu­rs dans le convention­nel. » Les agriculteu­rs participen­t par ailleurs à des comités régionaux. « Et ce sont eux qui décident des projets à implanter en fonction des priorités de la région », mentionne Bryan Gilvesy.

Prochaines destinatio­ns : l’Estrie et Lanaudière, dont les demandes pour des comités régionaux ont déjà été soumises. « Il leur reste à aller chercher des contribute­urs régionaux pour avoir l’aval d’ALUS », explique Maria José Maezo.

Premier pas aux États-Unis

Déployé pour la première fois en Ontario en 2004, ALUS vient de mettre un pied aux États-Unis. Un comité vient d’être créé en Iowa et un autre suivra en Ohio, dans les prochains mois.

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Projet d’implantati­on de bande riveraine réalisé en Outaouais en 2022.

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