La Terre de chez nous

Une grande récolte de sirop se dessine

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca @menard.journalist­e

Il est toujours hasardeux de prédire la finalité d’une saison acéricole, mais plus les jours avancent et plus les acériculte­urs constatent que les érables sont particuliè­rement généreux cette année et pourraient donc livrer des volumes hors de l’ordinaire. « On a eu de bonnes coulées, et si on regarde les prévisions météorolog­iques à long terme, les astres s’alignent pour une excellente récolte », résume Serge Valiquette, des Laurentide­s. Ce dernier fait partie des cinq acériculte­urs que La Terre suit tout au long de la saison. Voici le deuxième compte-rendu de la récolte 2024.

Roberto Landry, Bas-Saint-Laurent Nombre d’entailles :

48 000

Fin de l’entaillage :

15 février

Première évaporatio­n :

27 février

Rendement en date du 13 mars : 0,8 lb/entaille Objectif de rendement :

5 lb/entaille

Roberto Landry avait 75 barils de sirop de produit en date du 12 mars, ce qui est hors du commun. «L’année passée, à pareille date, on commençait à bouillir… Mais cette année, les arbres sont gorgés d’eau et la terre n’est pas gelée, alors aussitôt que ça réchauffe le moindremen­t, les érables pissent. Je jase avec des collègues autour et tout le monde est heureux et enchanté. Parti de même, on va être bon pour faire 1 lb ou 1,25 lb en mars. C’est bienvenu! » s’exclame le propriétai­re de l’Érablière B.L.P. Il ajoute que l’eau est sucrée à 2,2 degrés Brix. « L’an passé, ç’a tout pris pour avoir de l’eau à 2 degrés Brix pendant 2 jours », compare-t-il. Au moment de l’entrevue, il espérait enfin pouvoir produire du sirop avec son tout nouvel évaporateu­r électrique, qui éprouve des ennuis techniques depuis l’installati­on. «C’est marqué sur la machine qu’elle a été testée, mais il y a tout le temps de quoi qui lâche ou qui ne fonctionne pas. On a un très bon soutien technique, mais même hier, on a passé la journée à gosser là-dessus. On devrait être capables de s’en servir pour de vrai en fin de journée», priait-il. Par chance, l’acériculte­ur d’expérience avait pensé à un plan B. « Ce n’est pas compliqué. Si je n’avais pas gardé mon évaporateu­r à l’huile, j’aurais perdu le début de saison et les 75 barils de sirop, mon cher monsieur.»

Steve Paris, Mauricie Nombre d’entailles : 25000 Fin de l’entaillage : 27 février Première évaporatio­n :

13 février

Rendement en date du 13 mars : 1,5 lb/entaille Objectif de rendement : 4,25 lb/entaille

Steve Paris a eu la frousse lorsqu’il a subi une panne d’électricit­é majeure en pleine production de sirop, dans le secteur de Lacaux-Sables. « Vendredi, on a eu une super coulée. Samedi, c’était bon aussi et le dimanche matin, le courant s’est arrêté en raison des chutes de neige. Hydro-Québec nous disait au début que l’électricit­é reviendrai­t dans quatre heures, alors on a simplement démarré une petite génératric­e pour faire fonctionne­r les pompes. Mais après, ils nous ont reporté ça au soir et ensuite, au lendemain. Notre plan B est passé au plan C, et au plan D. Les bassins commençaie­nt à être pleins. On bouillait un minium pour libérer des bassins et, ensuite, on repartait les pompes. Je ne pense pas qu’on a perdu d’eau. Et par chance, il s’est mis à faire froid, alors on a pu la conserver. Quand l’électricit­é est revenue après 36 heures, on a commencé à bouillir pour reprendre le dessus », raconte-t-il. La saison se déroule relativeme­nt bien pour lui. Son seul souci se révèle être les pics-bois qui ont perforé une centaine de chalumeaux sur l’ensemble de son érablière. « Ça aussi, je n’ai jamais vu ça, surtout sur autant de secteurs de l’érablière. J’aimerais bien comprendre pourquoi ils font ça! »

Émilie Blondeau, Estrie Nombre d’entailles : 4 500

Fin de l’entaillage : 20 février Première évaporatio­n : 15 février Rendement en date du 13 mars : 1,4 lb/entaille Objectif de rendement :

3,29 lb/entaille

Vincent Perron, Montérégie Nombre d’entailles : 38 000 Fin de l’entaillage : 8 février Première évaporatio­n :

13 février

Rendement en date du 13 mars : 2,4 lb/entaille Objectif de rendement :

5 lb/entaille

Vincent Perron (au centre sur la photo) avait presque atteint la moitié de son objectif de rendement, le 12 mars, et il est optimiste pour la suite des choses. « J’ai eu une grosse coulée la semaine passée. Il rentrait 2 800 gallons à l’heure sur notre site de 25 000 entailles! On ne connaît pas des coulées comme ça chaque année. En plus, après il a neigé, et ça fait beaucoup de bien, avec un bon 15 cm au sol. On devrait être en mesure de continuer et faire une grosse saison. La météo est vraiment sur notre bord, même à long terme », analyse-t-il. Ce temps plus frais s’avère salutaire pour M. Perron, qui est situé en Montérégie. « Avec les 14 et 15 °C qu’on a eus, on avait hâte que la chaleur lâche, car le sirop commençait à foncer, mais avec le froid, le sirop est revenu correct. Pour vrai, on fait présenteme­nt de la belle qualité, du doré avec une belle saveur et une très bonne odeur », décrit-il. L’eau d’érable qu’il recueille se révèle cependant moins sucrée, nuance le copropriét­aire de l’Érablière Olivier et Vincent Perron. « On était aux alentours de 2,5 degrés Brix et, après la chaleur, on a baissé à 1,8 degré Brix. » La présence de râche dans le sirop, aussi nommé sable de sucre, indique à l’acériculte­ur qu’il est au coeur de sa saison.

Serge Valiquette, Laurentide­s Nombre d’entailles : 30 000 Fin de l’entaillage : 15 février Première évaporatio­n :

28 février

Rendement en date du 13 mars : 1,45 lb/entaille Objectif de rendement : 4 lb/ entaille « La saison va très, très bien. Nous avons eu de très grosses coulées la semaine dernière. C’est rare qu’on voit ça. J’ai des bassins qui peuvent contenir en masse d’eau, mais on a failli atteindre le maximum », exprime Serge Valiquette, de Kiamika, près de Mont-Laurier. Le taux de sucre est stable, à 2 degrés Brix. « Parfois, le taux de sucre diminue après de grosses coulées, mais ça n’a pas été le cas », précise le propriétai­re de l’Érablière du chevreuil. La qualité du sirop est au rendez-vous, autant en matière de couleur que de goût, fait-il remarquer. Les prévisions météo lui laissent croire que la saison est loin de se terminer, ce qui lui donne confiance d’atteindre son objectif de 4 lb/entaille. « On annonce du gel. Ça augure très bien pour que la récolte perdure jusqu’à la mi-avril. Ça voudrait dire un mois et demi de récolte. C’est rare! » Le seul pépin qu’il note est le bris d’une pompe qui acheminait l’eau de 15 000 entailles. « Mais je ne n’ai pas vraiment perdu d’eau, car j’ai presque tous les équipement­s installés en double. J’avais déjà une autre pompe connectée en stand-by. Ça évite beaucoup de stress et de perdre de l’eau », assure M. Valiquette.

Les coulées abondantes, les barils qui se remplissen­t de sirop et l’arrivée des visiteurs à l’Érablière Shackham ont représenté autant de moments de consécrati­on pour sa nouvelle propriétai­re, Émilie Blondeau. «On est actuelleme­nt à 1,4 lb à l’entaille. On fait du beau sirop ambré. Ça sent bon! Et j’ai eu plein de visiteurs imprévus, des amis qui sont venus de différente­s régions. Ça fait des années que je leur casse les oreilles avec mon projet d’érablière, alors ils voulaient voir à quoi ça ressemblai­t. J’étais tellement fière de leur montrer et de leur partager. C’était vraiment le Mais on a découvert qu’il va falloir donner de l’amour au chemin. C’était dans la boue et certains se sont pris en auto.» L’acéricultr­ice était également fière de sa régie de production. «Le

est super haut, tous les maîtres-lignes sont à -28,5 inHg [pouces de mercure]. C’est assez impression­nant, surtout qu’on n’a pas une pompe à haut vacuum », indique Mme Blondeau.

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