La Terre de chez nous

Le milieu agricole déçu du budget provincial

- CAROLINE MORNEAU cmorneau@

QUÉBEC – Le milieu agricole accueille avec déception le budget provincial 20242025, n’y voyant aucune mesure « musclée » répondant aux besoins urgents des producteur­s affligés par l’inflation, l’endettemen­t, les aléas climatique­s et la flambée des taux d’intérêt.

« Passer outre les attentes légitimes d’un secteur […] ne peut […] qu’engendrer de la déception, et même de la frustratio­n chez celles et ceux qui y verront une indifféren­ce flagrante quant à leurs besoins et préoccupat­ions », a réagi le président de l’Union des producteur­s agricoles (UPA), Martin Caron.

Lors de la présentati­on de son budget, le 12 mars, le ministre des Finances, Eric Girard, s’est dit au fait des difficulté­s rencontrée­s à la ferme, rappelant les interventi­ons d’urgence de La Financière agricole pour soutenir les producteur­s. À défaut de leur apporter une aide « conjonctur­elle », son budget comporte des mesures « pérennes », dit-il, notamment pour l’agricultur­e durable et pour l’accès à l’acquisitio­n de terres.

Les mesures

Le cadre budgétaire 2024-2025 du gouverneme­nt Legault prévoit 50 M$ sur cinq ans pour « assurer une continuité dans le financemen­t des projets de la relève agricole » par la création d’un fonds qui remplacera le Fonds d’investisse­ment pour la relève agricole (FIRA). Ce dernier, qui soutient de jeunes entreprene­urs dans leurs projets de démarrage, d’expansion ou de transfert, arrivera à échéance en 2025.

Le Programme Investisse­ment Croissance Durable, administré par La Financière agricole, sera par ailleurs bonifié de 50 M$ sur cinq ans. En plus de subvention­ner les projets de croissance et d’adoption de pratiques agroenviro­nnementale­s, il intègre, depuis juin, un volet de soutien d’urgence aux fermes qui éprouvent des difficulté­s en contexte inflationn­iste. L’aide prend la forme de prêts de fonds de roulement sans remboursem­ent de capital et d’intérêts pour les trois premières années. Il n’est pas précisé, dans le budget, comment sera répartie l’enveloppe additionne­lle réservée à l’ensemble du programme. Un investisse­ment de 264 M$ sur cinq ans est

aussi prévu pour assurer le financemen­t du Programme de crédit de taxes foncières agricoles et offrir un « traitement fiscal compétitif » aux producteur­s, dans un contexte « d’augmentati­on rapide et importante de la valeur des terres », lit-on dans ce plan budgétaire.

Les Producteur­s de grains du Québec affirment, eux aussi, être restés « sur leur appétit » après avoir pris connaissan­ce du cadre budgétaire, se désolant de n’y retrouver « aucune améliorati­on » au programme de rétributio­ns des pratiques agroenviro­nnementale­s ou de trace d’un volet spécifique aux régions éloignées.

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Le budget provincial 2024-2025, qui affiche un déficit de 11 G$, a été qualifié d’«exigeant et responsabl­e» en contexte économique «difficile» par le ministre des Finances, Eric Girard.

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