La Terre de chez nous

Les aléas du climat, une source de stress

- CAMILLE ALLEN Ferme Daclau, Rouyn-Noranda, Abitibi-Témiscamin­gue

Comme vous en avez sûrement entendu parler, une sécheresse a touché une majorité des agriculteu­rs de l’Abitibi, mais particuliè­rement au nord-ouest de notre belle région. Une région où, habituelle­ment, les volumes de fourrages produits sont assez impression­nants par rapport au nombre de coupes, où les récoltes sont d’excellente qualité et où les producteur­s vendent leurs surplus de foins à d’autres producteur­s partout au Québec.

L’été dernier, nous avons eu des feux de forêt, énormément de fumée. Certains agriculteu­rs ont dû évacuer leurs troupeaux, plusieurs familles ont dû évacuer leur village, alors que les producteur­s et productric­es devaient rester à leur domicile pour veiller sur leurs animaux. Nous avons assisté à des gestes d’entraide, mais aussi de bravoure.

Pour ma part, mes animaux sont restés sains et saufs chez moi. Mais les pertes fourragère­s que nous avons connues ont eu une grande incidence sur notre entreprise. Jamais, depuis la création de la ferme en 1947, nous n’avons eu des récoltes aussi médiocres. Habituelle­ment, dans un champ d’une superficie de 20,1 hectares, on récolte une trentaine de voyages d’ensilage. Cet été, nous n’en avons sorti que quatre. Du plus loin que je me souvienne, du haut de mes 24 ans, nous avons toujours eu environ 300 balles rondes à vendre. Nous avons toujours eu des surplus. Mais l’été 2023 a été si désastreux que je n’ai pas eu de foin à vendre. Pire encore, il nous manquait 300 balles rondes et 350 tonnes métriques d’ensilage. La qualité de nos fourrages est tout aussi médiocre que leur quantité. Généraleme­nt, notre fourrage teste autour de 18 % de protéines. Cette année, on n’a eu que de 12 % à 13 %.

Jamais, depuis la création de la ferme en 1947, nous n’avons eu des récoltes aussi médiocres.

Avec le peu de neige de l’hiver 2024, la fonte de celle-ci, la pluie et le gel qui a suivi, je ne suis pas très optimiste pour la prochaine année. De telles conditions ne permettent pas à nos plantes fourragère­s de rester bien protégées du froid.

Le stress est un sentiment qui m’habite beaucoup depuis le mois de juin 2023. Le manque de liquidités pour compenser de telles pertes, nos achats de fourrage, nos achats de moulée pour combler le manque de protéines dans nos rations, les coûts de transport, les dépenses normales de l’entreprise ainsi que les imprévus sont des choses auxquelles nous devons faire face.

En collaborat­ion avec la Fédération de la relève agricole du Québec

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