La Terre de chez nous

2024 : la relance du soya IP?

-

La production de soya non génétiquem­ent modifié (OGM) et de soya à identité préservée (IP) a connu un déclin relatif au cours des dernières années, aussi bien au Québec qu’en Ontario. La baisse est due à plusieurs facteurs, mais il ne fait aucun doute que la remontée boursière de 2020 à 2023 a eu une incidence. Les primes versées pour le soya non OGM et le soya IP sont restées relativeme­nt stables alors que le contrat à terme était en forte hausse. En termes relatifs, elles devenaient moins intéressan­tes.

Notre production de soya non OGM est principale­ment destinée à l’exportatio­n en Asie, où notre fève est transformé­e en tofu, en lait de soya, en miso, en natto, en edamames, etc. Par conséquent, la tendance baissière des superficie­s ensemencée­s inquiète les acheteurs et utilisateu­rs asiatiques. C’est le message que nous avons eu, en février, lors de la mission de Soy Canada en Thaïlande et au Japon. Nous avons reconnu l’importance de la sécurité d’approvisio­nnement pour les acheteurs, mais avons aussi mis l’accent sur la nécessité d’une rémunérati­on adéquate pour l’agriculteu­r. En effet, la production de soya de spécialité demande un effort et un risque supplément­aires pour le producteur qui veut être payé en conséquenc­e.

À la fin juillet, le contrat courant du soya atteignait quasiment 15,50 $ du boisseau (bu), puis il a chuté brutalemen­t au cours des mois suivants, passant en dessous de 11,50 $/bu. Cette baisse aura des répercussi­ons sur l’intérêt des producteur­s pour le soya IP. Pour paraphrase­r un négociant, « une prime de 5 $/bu est pas mal plus intéressan­te avec un contrat à terme à 11 $/bu qu’avec un contrat à 15 $/bu ».

Dans un contexte boursier baissier, les producteur­s pourraient avoir plus d’incitatifs à cibler leur production dans des marchés de niche, que ce soit le soya IP, le blé ou l’avoine de consommati­on humaine, l’orge brassicole, etc. Cependant, est-ce trop tard pour une relance du soya IP en 2024? Les négociants nous ont dit que leurs contrats de production étaient déjà largement signés et ils estimaient que les volumes resteraien­t stables. Toutefois, ils ont admis qu’ils avaient une certaine marge de manoeuvre jusqu’au printemps pour signer de nouveaux contrats. La relance du soya IP pourrait donc s’étaler sur deux années, soit 2024 et 2025.

— Ramzy Yelda, analyste principal des marchés chez les Producteur­s de grains du Québec

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada