La Terre de chez nous

Obligés d’avoir recours plus tôt aux importatio­ns de carottes

- CAROLINE MORNEAU cmorneau@ laterre.ca

Pour solidifier sa relation avec ses clients, une productric­e de Sainte-Clotilde, en Montérégie, Carolyne Daigneault, approvisio­nne ceux-ci à l’année en carottes nantaises, d’abord avec ses propres récoltes, qu’elle entrepose jusqu’en février, puis avec des légumes qu’elle importe du Mexique les mois restants et qu’elle emballe à l’effigie de sa ferme, en précisant leur origine.

Or, la faible quantité de légumes qu’elle est parvenue à entreposer la saison dernière, en raison de champs inondés qui ont compliqué ses récoltes, l’a obligée à recourir à la coûteuse importatio­n de carottes environ deux mois plus tôt qu’à la normale.

Un phénomène de rareté, dit-elle, a fait bondir le prix de ces légumes racines jusqu’au Mexique, suivant la loi de l’offre et de la demande. De manière générale, au Québec, les producteur­s ont eu beaucoup moins de carottes en stock. Pour certains, la capacité de conservati­on a aussi été amoindrie après une saison dans l’eau propice à la moisissure.

« D’habitude, j’entrepose 2 000 boîtes à l’automne. Là, j’en avais la moitié moins, témoigne Mme Daigneault. Il y a une demande qui s’est créée en décembre, et ce n’est pas normal. Les producteur­s au Mexique ont monté leurs prix, car ils savaient qu’il en manquait. »

Résultat : elle a elle-même dû monter le prix de ses carottes importées, ce qui lui a fait perdre l’un de ses clients durant l’hiver. Une grande bannière de supermarch­é qui lui en achète normalemen­t a préféré aller s’approvisio­nner directemen­t au Mexique, parce que ça revenait moins cher de procéder ainsi.

« J’en ai importé moins, et on n’en avait plus en stock, alors je me suis retrouvée avec trop de main-d’oeuvre étrangère par rapport à ce qu’il y avait à faire. J’aurais pu en garder la moitié moins », raconte l’agricultri­ce pour qui le manque de produits entreposés provenant de sa propre récolte a finalement été coûteux.

Un autre producteur, Éric Rémillard, qui a importé ses premières carottes nantaises oranges un moins et demi plus tôt à l’habitude, évoque d’ailleurs les coûts de transport élevés à assumer pour faire venir des légumes du Mexique. « Tout est plus cher chaque année. Le transport est plus cher et le coût du légume aussi », affirme-t-il.

« Les producteur­s au Mexique ont monté leurs prix, car ils savaient qu’il en manquait. » – Carolyne Daigneault

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2 000 boîtes de carottes nantaises, qu’elle écoule jusqu’en février, avant d’avoir recours aux importatio­ns. Cette année, elle en a stocké la moitié moins.
Normalemen­t, Carolyne Daigneault entrepose 2 000 boîtes de carottes nantaises, qu’elle écoule jusqu’en février, avant d’avoir recours aux importatio­ns. Cette année, elle en a stocké la moitié moins.

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