La Terre de chez nous

Les producteur­s caprins en mode propulsion génétique

- SOPHIE LACHAPELLE slachapell­e@

Le secteur caprin a décidé de mettre le cap sur le développem­ent de la qualité de ses cheptels, avec un projet pilote visant à créer un indice de qualité génétique pour chaque animal.

Selon Catherine Michaud, directrice générale de l’Associatio­n canadienne de la chèvre de boucherie et membre de la table filière de cette production, c’est là une voie primordial­e vers la profitabil­ité. « Les éleveurs peinent à être rentables, même si le secteur est en croissance, ditelle, précisant que, dans l’est du Canada, l’abattage annuel a crû de 10 000 animaux par année entre 2021 et 2023, passant de 77000 à 87000. Beaucoup d’éleveurs arrivent, attirés par la croissance, mais repartent ensuite. C’est en sélectionn­ant avec précision les animaux avec la meilleure génétique qu’on peut arriver à s’améliorer. »

Le programme CapriGen regroupe sept producteur­s du Québec et d’ailleurs au Canada, qui partagent les données de base sur chacune de leurs chèvres (portées, poids à la naissance, poids à 90 jours, etc.). Une fois standardis­ées et comparées, ces données permettent d’établir un indice de qualité génétique.

Le projet pilote avance bon train et déjà, à la fin mai, on en sera à la publicatio­n d’une deuxième évaluation des animaux. Et l’on vise à élargir le projet. « Pour parvenir à des données plus fiables, on aura besoin de plus de participan­ts », souligne celle qui a été éleveuse de chèvres de boucherie durant 12 ans. Elle mentionne qu’il n’est pas dans les habitudes des producteur­s de chèvres de collecter des données. « C’est important pour la recherche et pour eux. Si on n’a pas d’informatio­n sur son cheptel, comment peut-on prendre les meilleures décisions ? »

Au cours des quatre prochaines années, l’organisati­on compte ainsi recruter 20 nouveaux producteur­s par année, pour un total d’un peu plus de 80, soit environ la moitié des 160 membres de l’associatio­n.

Le développem­ent d’une interface pour l’entrée de ces données est, par ailleurs, au programme des prochains mois. « Pour le moment, c’est pris sur des fichiers Excel. Ce n’est pas très profession­nel, estime Mme Michaud. Il faut que ce soit facile pour que les producteur­s embarquent. »

L’année 2024 sera marquée par l’entrée en vigueur d’un programme obligatoir­e de traçabilit­é. Chaque chèvre devra donc, d’ici la fin 2025 au plus tard, être dotée d’un marqueur d’identifica­tion. Ce système facilitera d’autant plus l’entrée des renseignem­ents.

Avec tous ces développem­ents, le secteur nourrit de grandes ambitions. « Il n’existe pas de système de suivi génétique comme celui-là ailleurs dans le monde. On aimerait faire comme le secteur ovin et exporter notre expertise à l’étranger », dit la directrice.

Après la publicatio­n d’un dossier dans La Terre de chez nous, en janvier, sur les ambitions d’exportatio­n internatio­nales du secteur ovin, Mme Michaud a pris l’initiative d’en contacter les responsabl­es. « Les petites production­s comme la nôtre peuvent bénéficier du soutien des plus grandes, comme celle de l’ovin. »

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La race Boer est l’une des plus prisées pour la production des chèvres de boucherie.
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Catherine Michaud

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