Des fermes complices de la biodiversité
SAINT-ÉDOUARD-DE-FABRE – De nouvelles pancartes « L’agriculture complice de la biodiversité » vont faire leur apparition dans les rangs cet été. Quatre régions périphériques de la province (voir l’encadré) ont pris l’initiative de reconnaître les efforts des producteurs agricoles pour adopter de bonnes pratiques agroenvironnementales. Parmi elles, le Témiscamingue, où a été organisé un lancement de ce programme de valorisation à la Ferme Valsy, le 10 avril.
« Toute reconnaissance est agréable à avoir. C’est une opportunité de parler de biodiversité en agriculture. C’est souvent l’inverse qu’on va entendre, mais il y a énormément de bonnes actions qui se font », se réjouit la copropriétaire de la ferme Nordvie, Madeleine Olivier, qui a fait de la protection de la biodiversité l’une des « valeurs fondamentales » de cette entreprise maraîchère biologique spécialisée dans la culture de fraises.
Si cette valeur d’entreprise impose parfois des choix difficiles — par exemple, cesser la culture des cucurbitacées en raison
de la présence de la chrysomèle rayée —, la recherche d’un équilibre qui se rapproche le plus possible de l’oeuvre de la nature est un objectif stimulant pour l’agricultrice. «On s’est dit tant pis. Au moins, cet insecte n’aura plus de source de nourriture chez nous. Ce sont des choix. C’est quand même paradoxal, mais il faut avoir des insectes nuisibles pour nourrir des insectes auxiliaires et il faut avoir des mauvaises herbes pour les loger. La biodiversité, c’est ça. C’est
plein d’interactions complexes, mais c’est un équilibre qui doit se faire», dit-elle.
Travailler avec la nature
À La ferme témiscamienne, si la philosophie est comparable, l’approche est différente. L’élevage bovin spécialisé dans les sujets de reproduction s’intéresse surtout aux méthodes de production. «On cultive à l’ancienne : pas d’engrais et boeuf nourri à l’herbe seulement. On fait attention à l’empreinte qu’on laisse. On n’a pas de gros tracteurs et on utilise la traction animale. On a deux gros chevaux belges», explique Fred Hamelin, qui se décrit comme un gentleman-farmer.
À la Ferme Valsy, c’est la nature qui a dicté ses règles. En bordure du lac Témiscamingue, les vents du large menaçaient directement les superficies en culture près des berges. « Il y a environ 15 ans, ce sont trois rangées d’arbres qui ont été plantées pour protéger les berges parce qu’il y avait de l’érosion. Le sol gelait trop et, ça nuisait à la productivité. L’automne passé, on a semé du seigle qui a passé l’hiver et, grâce aux arbres, ç’a permis à une belle végétation de se faire. Ça aide à l’érosion, ça aide à filtrer l’eau avant de se rendre au lac », énumère Sylvain Baril, qui compte aussi sur les engrais verts et les cultures intercalaires pour favoriser la biodiversité dans les sols des 950 acres (384 hectares) de cultures.