Un retour à la croissance accompagné de défis
MONTRÉAL – Les effets de la pandémie de COVID-19 sur la production d’oeufs de consommation semblent être du passé, alors que les producteurs ont renoué avec la croissance en 2023 et 2024, après quelques années de stagnation.
« C’est bien l’fun de revenir avec des allocations [en croissance] comme ça, mais il nous reste des défis, car cette croissance fait ressurgir des éléments incontournables sur lesquels l’équipe devra travailler au cours des prochaines années », a nuancé Paulin Bouchard, président sortant de la Fédération des producteurs d’oeufs du Québec, lors de l’assemblée générale annuelle de l’organisation, les 10 et 11 avril, à Montréal.
Parmi ces enjeux, il a souligné celui de l’écart grandissant des coûts de production entre le Canada et les États-Unis, en raison des modèles d’affaires distincts d’un pays à l’autre. Car si le système de gestion de l’offre canadien permet des prix plus stables et le maintien de plus petites fermes, il rend le prix des oeufs légèrement plus élevé comparativement au modèle de libre marché américain. Cette différence joue en défaveur de transformateurs québécois, qui doivent payer plus chers leurs oeufs pour la transformation, alors que leurs produits rivalisent avec ceux importés des États-Unis.
D’ailleurs, le marché de la transformation est en croissance, a souligné M. Bouchard. « Donc si on veut produire tous les oeufs dont on a besoin,
il faudra réfléchir à comment on va financer notre système au niveau du produit industriel […] pour garder nos transformateurs canadiens et québécois en santé. Il faut que ces transformateurs soient capables d’en vivre, mais en nous offrant un revenu raisonnable pour qu’on soit capable de produire ces oeufs-là », a-t-il fait valoir.
Décalage interprovincial
Un autre décalage entre les coûts de production se dessine également, depuis trois à quatre ans, entre les producteurs d’oeufs du centre du Canada, soit ceux du Québec et de l’Ontario, et ceux de l’ouest, qui ont des coûts plus élevés. « On a travaillé fort avec les présidents des autres provinces dans les dernières années pour expliquer cet écart et trouver des solutions pour éviter que ça devienne un enjeu de mise en marché à l’interne », a souligné le président sortant. Cette différence pourrait éventuellement avoir un effet sur les prix des oeufs vendus en épicerie, puisque ceux-ci sont établis, entre autres, par une moyenne des coûts de production à l’échelle canadienne.
« Si on veut produire tous les oeufs dont on a besoin, il faudra réfléchir à comment on va financer notre système au niveau du produit industriel. » – Paulin Bouchard