La Terre de chez nous

Des porcs nourris au tourteau de noix du Québec

- Lanaudière GENEVIÈVE QUESSY Correspond­ante régionale laterre.ca

Une ferme d’élevage de Lanaudière mène une expérience originale en nourrissan­t ses porcs avec du tourteau de noix du Québec. Inspirée par le réputé porc ibérique nourri aux glands de chêne, son espoir est de créer une viande unique, d’une qualité exceptionn­elle.

« Ça nous trottait dans la tête depuis longtemps. On savait que le porc connu comme le meilleur au monde, provenant d’Espagne, était nourri aux glands de chêne. Puis, un jour, Alain Perreault, d’Au jardin des noix, nous a approchés dans un marché. Il avait le même projet, et nous a proposé son tourteau de noix », raconte, en entrevue, Sylvia Zarate, copropriét­aire de la Ferme Beauvais.

L’entreprise, sit uée à SaintCuthb­ert, élève des porcs Berkshire en plein air depuis 2021. La race Berkshire, parfois qualifiée de « wagyu » du porc, est réputée pour le persillage et la jutosité de sa viande. « Avec ce tourteau, on a l’espoir d’aller chercher des effluves meilleurs que ceux du chêne, qui, en réalité, n’a pas vraiment bon goût », affirme Mme Zarate.

Alain Perreault, copropriét­aire d’Au jardin des noix, de Saint-Ambroisede-Kildare, cherchait une façon de valoriser le tourteau issu de la pression des huiles qu’il fabrique avec les noix de noyer noir et les noisettes cultivées dans son verger. « On s’en servait déjà pour aromatiser des alcools, mais pour un petit volume seulement. On essaie de trouver les applicatio­ns qui vont lui donner le plus de valeur. Si ça marche bien, on est prêts à produire plus d’huile pour générer plus de tourteau! »

Analyse en laboratoir­e

Le tourteau de noix contient des résidus de coques. Afin de déterminer si leurs porcs allaient en bénéficier d’un point de vue nutritionn­el, les éleveurs de la Ferme Beauvais l’ont fait analyser par un laboratoir­e. « On a constaté qu’il contient beaucoup de fibres et un peu moins de protéines que le tourteau de soya. Après discussion avec un nutritionn­iste, on a décidé de remplacer la protéine de soya par ce tourteau de noix, et on a établi la proportion qu’on allait donner à nos porcs », explique François Beauvais, également copropriét­aire de la Ferme Beauvais.

Le troupeau semble très bien se porter depuis que le tourteau a été ajouté à leur ration l’été dernier, ajoute-t-il. « Au début, ils n’étaient pas sûrs que ça se mangeait, mais maintenant, ils privilégie­nt ça au reste de la moulée. J’ai l’impression que ça leur nettoie les dents. »

Deux études réalisées aux ÉtatsUnis ont porté sur le tourteau de noix dans l’alimentati­on des porcs, rapporte Luiene Moura Rocha, chercheuse pour les Éleveurs de porcs du Québec. « Ces études ne concluaien­t pas sur la qualité sensoriell­e de la viande. Par contre, le persillage et la jutosité se sont avérés deux points où les résultats étaient intéressan­ts, souligne-t-elle. Les deux études ont également rapporté avoir trouvé plus de gras insaturé dans le gras, ce qui est meilleur pour la santé. Le tourteau de noix étant cher comparativ­ement au tourteau de soya, si le producteur a trouvé une source d’approvisio­nnement moins chère, ça peut être une bonne stratégie et mener à un produit de niche intéressan­t. »

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Les porcs de race Berkshire de la Ferme Beauvais semblent apprécier le tourteau de noix qui complète leur ration depuis l’été dernier.
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