DU BONBON POUR LES JOURNALISTES
Paul Masse, ex-maire de Waterloo, n’est pas du coin. Il n’a pas grandi avec La Voix de l’Est que l’on cueille sur le pas de la porte le matin. Avant de poser le pied dans la région, il ignorait complètement où se trouvait la Ville qu’il a dirigée pendant deux mandats. Son nouveau patelin, tout comme le quotidien régional, il les a très rapidement apprivoisés à son arrivée en 1995. Lié dans les deux cas pour le meilleur et pour le pire, il chérit de bons souvenirs de l’époque.
Dans La Voix de l’Est, au lendemain de sa première élection, il avait usé de théâtralité pour exprimer sa victoire. « Nous avons fait une campagne dynamique et propre. La propreté, ça paie, parce qu’on les a balayés. »
Ce matin- là en page 4, sur la photo accompagnant l’article signé Karim Benessaieh, Paul Masse brandissait un vieux balai rappelant le moyen de locomotion des sorcières, se dévoilant ainsi direct et coloré. Un style qu’il a gardé pendant ses deux mandats.
« Je ne me suis jamais gêné pour dire ce que je pensais, même si parfois mes idées pouvaient être choquantes », a-t-il avoué quand La Voix de l’Est lui a donné rendezvous dans un petit café de Granby un matin de novembre.
Presque 20 ans séparaient cette rencontre de la dernière. Toujours fier, solide et volubile, l’ex-maire, aujourd’hui âgé de 84 ans, affichait une grande forme. Impossible de passer sous silence cette personnalité flamboyante et cette absence de langue de bois qui le caractérisaient comme élu. Du bonbon pour les journalistes.
« Je suis toujours demeuré moimême, a- t- il lancé, simplement. Moi, je suis comme le sel, je m’adapte à toutes les sauces. »
« Si je méritais d’être grafigné au passage dans le journal, j’en prenais mon parti. Rien de ce qui a été publié ne m’a empêché de dormir. JAMAIS ! Il n’y avait pas de raisons.
Vous aviez un job à faire et ce dernier n’était pas à sens unique. »
Paul Masse affirme avoir toujours apprécié l’approche et la réceptivité des gens de La Voix de l’Est. « J’ai jamais eu de problèmes avec eux autres », a-t-il tenu à spécifier.
Même quand La Voix de l’Est a titré Masse veut TRIPLER son salaire, en page frontispice le 10 novembre 1999, un an après son élection ?
« Ça ne m’a pas plus dérangé que mon déjeuner du jour ! , a tranché l’ex-maire. Le conseil avait voté en toute démocratie. Il ne restait plus qu’à prouver que nous le méritions. Et ce fut fait. »
Voulant passer de maire à temps partiel à maire temps plein, M. Masse avait soumis sa volonté de faire passer son salaire annuel d’élu de 10 828 $ à 31 800 $ (allocations et dépenses incluses) et celui des conseillers de 3608 $ à 6600 $.
Une augmentation de 300 % pour lui et de 200 % pour les membres du conseil.
Une proposition accueillie froidement par plusieurs citoyens.
Un mois plus tard, le 7 décembre 1999, La Voix de l’Est titrait : Masse obtient son salaire dans la controverse.
TRISTESSE
Paul Masse affirme avoir toujours Waterloo tatouée sur le coeur, mais qu’il n’en fait pas une obsession. Une chose qui le touche toutefois, c’est le triste sort que vivent les médias traditionnels (dont la presse écrite), et ce, partout à travers le monde.
« La Voix de l’Est [ papier] me manque énormément, insistet- il. C’est terrible ce qui arrive. C’est malheureux. Internet n’a pas apporté que du bien… »
Pour l’octogénaire, les nouvelles locales se consomment sur un support papier. Difficile pour lui de passer au numérique. Le papier, croit- il, lui permet une liberté que le numérique ne lui permet pas.
« Un journal [ papier] est un moment de détente qui nous permet de s’occuper à autre chose que le travail, souligne-t-il. Pendant que je lis, je peux boire un café ou même manger, alors qu’avec le numérique, on doit s’installer à l’ordinateur, tapoter le clavier. Ainsi, je me retrouve devant la “machine” à laquelle je suis attaché durant des heures quotidiennement et je dois endurer les “pling-pling” que produit Internet continuellement... »
« Un journal [ papier] ne fait rien de plus que ce que je lui demande. »