La Voix de l'Est

SON RÊVE PLUS GRAND QUE NATURE

- ISABEL AUTHIER isabel.authier@lavoixdele­st.ca

Au fil des ans, ils ont maintes fois fait l’objet de reportages dans nos pages. Sous nos yeux, Marie-Ève Janvier et Jean-Philippe Dion sont passés de l’adolescenc­e à l’âge adulte, en frayant leur chemin dans le milieu culturel jusqu’à devenir des chouchous du public.

La Voix de l’Est a eu envie de faire un bref retour sur la carrière de ces deux artistes de la région qui sont aussi de grands amis depuis le secondaire.

Pour bien des Québécois, La vraie nature est devenue au fil des saisons leur rendez- vous doux du dimanche soir. Derrière ce succès populaire, il y a ce petit garçon de Saint-Alphonse- deGranby qui rêvait de télévision et de « showbiz » tellement fort que son souhait a finalement été entendu. Quoique sans sa farouche déterminat­ion, sa passion et son travail acharné, rien de tout cela ne serait probableme­nt arrivé.

Q-En juin 2001, tu avais rédigé un texte (qu’on peut voir à droite) à titre de stagiaire d’un jour à La Voix de l’Est.

Avais-tu l’intention de devenir journalist­e ?

« J’avais 16 ans à l’époque. J’étais dans le journal étudiant à la polyvalent­e J.- H.- Leclerc. Je me rappelle que j’y avais écrit un éditorial sur la grève des enseignant­s où je prenais position en faveur des professeur­s. Le directeur m’avait rencontré pour savoir si le syndicat m’avait payé pour écrire ce texte ! J’avoue que ça m’avait un peu donné la piqûre d’écrire pour susciter des réactions. Gaétan Girouard (sur qui je fais un documentai­re ces temps- ci) m’avait aussi donné envie d’être journalist­e. J’aurais aimé aller vers ça, mais j’ai mal viré et je suis allé en télévision ! »

Q-Parlons de cet autre article publié en 2003 où il était question de ta carrière naissante dans le monde des communicat­ions... Tu évoquais déjà ton désir d’animer un talk-show, d’avoir ta propre boîte de production...

« J’avais écrit un communiqué de presse que j’avais envoyé au journal pour faire parler de moi. Je me disais que ça me prenait un dossier de presse pour montrer que j’étais important et pouvoir obtenir des contrats ! Ma seule façon d’y arriver, c’était en contactant le quotidien local, dans l’espoir qu’on m’appelle. Et le journalist­e Michel Tassé m’avait appelé. Je n’en reviens pas d’avoir osé faire ça. Ces années-là, j’ai fait des choses que je n’aurais plus le guts de faire aujourd’hui. J’ai défoncé beaucoup de portes au début pour faire ma place. Cet article a peut-être été la première pierre. Par la suite, j’ai tout conservé, tous les articles. C’était une fierté pour moi de passer dans le journal. »

Q-Qu’est-ce que tu entends par « défoncer beaucoup de portes » ?

« J’ai passé la fin de mon secondaire à envoyer des CV dans des agences artistique­s. J’avais payé de ma poche pour de gros shootings photos profession­nels par les De Lottinvill­e à Granby. Je voulais être comédien, mais je n’avais pas de contact dans le milieu ; je ne connaissai­s personne à Montréal. J’ai rencontré des agents, passé des auditions, fait de la figuration pour tranquille­ment faire ma place. Et pour finalement réaliser que j’étais un très mauvais comédien ! »

Q-Avec le recul, est-ce que ça s’est passé comme tu l’avais rêvé ?

« Je rêvais d’être comédien parce que c’était la seule avenue possible dans ma tête, la seule que je connaissai­s. Au fond, je voulais travailler dans le monde artistique, sans savoir ce que je pourrais faire. J’étais ami avec Marie-Ève Janvier et j’étais extrêmemen­t impression­né par elle. Elle était mon seul lien possible avec cet univers. Mais pour répondre à ta question, je n’en reviens tout simplement pas d’être devenu animateur dans la case du dimanche soir à TVA [ce qui lui a valu un prix Gémeau cette année, NDLR]. Il est arrivé plein de choses au fil des ans : aujourd’hui,

je suis le producteur de l’émission Sucré-Salé, alors qu’à mes débuts, on m’avait carrément dit d’arrêter d’appeler pour avoir un poste de chroniqueu­r ! Un autre exemple, c’est Star Académie. Je me rappelle qu’on avait parlé de moi dans La Voix de l’Est parce que j’étais archiviste à l’émission. Qui aurait dit que je deviendrai­s plus tard animateur de la quotidienn­e, puis producteur exécutif ? »

Q-Tu es surpris, donc, par la façon dont ta carrière s’est développée ?

« Jamais dans ma vie je n’aurais pensé gravir ces échelons- là sur un même projet. Mais ce n’est pas arrivé tout seul. J’ai travaillé comme un damné. Ce n’est pas pour rien que j’ai la barbe et les cheveux blancs. J’ai toujours eu ce besoin de montrer à tout le monde que j’étais à la hauteur. Je suis très content d’avoir foncé, car il y a tellement d’appelés et peu d’élus dans ce milieu. Le seul deuil de ma carrière, c’est de ne pas pouvoir tout faire dans la région. Ces dernières années, la majorité de mes gros projets ont été volontaire­ment tournés à Sutton, Waterloo, Frelighsbu­rg... Un jour, j’aurai une transition de carrière qui me permettra d’être moins à Montréal. »

Q-Est-ce qu’avoir été producteur au contenu du documentai­re Céline autour du monde a été un moment déterminan­t de ta carrière ?

« Ç’a été une expérience exceptionn­elle de suivre Céline Dion dans sa tournée mondiale Taking Chances. Mais le vrai ‘‘game changer’’ dans ma carrière, c’est La vraie nature. C’est ce qui m’a fait sortir du rôle de chroniqueu­r pour devenir animateur. Ce sera à jamais mon projet signature. »

Q-Qu’est-ce qui te rend le plus fier, l’animation ou la production ?

« Bonne question. Je pense que l’animateur me rend très fier, pour la reconnaiss­ance et le contact avec le public, parce que j’aime le monde. Mais comme animateur, il y a des défis que je ne pourrais pas surmonter, alors que comme producteur, il n’y a aucun défi que je ne pourrais pas surmonter. Je fais ça depuis 20 ans et je commence à bien comprendre le métier. Mais j’ai besoin des deux pour être heureux. »

Q-Te serais-tu imaginé à 16 ans avec toutes ces réalisatio­ns, un conjoint de longue date, un fils « d’accueil »... ?

« Je suis surtout content de ne pas avoir trop négligé ma vie personnell­e au détriment de ma carrière, aussi enivrante qu’elle puisse être. Oui, il y a eu des moments plus complexes, où je n’étais pas très présent, mais c’est une fierté d’avoir réussi ça. J’ai rencontré mon conjoint Martin il y a 20 ans, alors que je vendais des billets au Théâtre L’Ancien presbytère à Granby. Disons que notre vie a beaucoup changé depuis ! »

Q-Ce parcours, tu le décris comment ?

« Ce que j’essaie de transmettr­e à mon ado, c’est de trouver sa passion. Pour moi, c’était tellement clair. J’ai eu cette chance d’avoir une passion accessible, que ce soit faire du journalism­e ou de l’art dramatique à l’école, ou encore du théâtre à l’école de Martin Gougeon... J’ai aussi eu la chance d’avoir des parents aidants, qui m’ont toujours poussé et encouragé. »

Jean-Philippe Dion est vice-président Contenu et stratégie, producteur exécutif et actionnair­e des Production­s Déferlante­s. Parmi ses nombreux projets, il animera la 6e saison de La vraie nature à compter du 16 janvier prochain à TVA. Également en janvier, il présentera le documentai­re Gaétan Girouard : onde de choc, sur la vie et le départ du regretté journalist­e.

Les propos ont été édités pour faciliter la lecture.

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— ALEXIS GR P⋆OTOGRAP⋆E «Je suis très content d’avoir foncé, car il y a tellement d’appelés et peu d’élus dans ce milieu», affirme Jean- Philippe Dion en revenant sur ses jeunes années.
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— LA VOIX DE L’EST Le premier contact du jeune JeanPhilip­pe avec La Voix de l’Est
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— LA VOIX DE L’EST À 19 ans, il faisait déjà parler de lui.
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