La Voix de l'Est

FLEUR-DE-LYS A BIEN GRANDI

- ISABEL AUTHIER isabel.authier@lavoixdele­st.ca

Lorsque les Québécois l’ont découverte dans la comédie musicale Notre- Dame de Paris, elle n’avait pas encore 15 ans. Mais pour nos lecteurs, le nom de Marie- Ève Janvier était déjà familier. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis, et la jeune Fleur- de- lys est devenue une femme et une artiste accomplies.

Q-Sur cette page du journal, à droite, datée du 1er novembre 1999, on te voit dans les heures précédant ta toute première apparition dans Notre-Dame de Paris. Est-ce qu’on parlait déjà de toi avant ce grand moment ?

« On parlait souvent de ma famille, de mon père pompier, de Musicophon­ie. Puis un jour, j’ai commencé à avoir mes propres articles dans La Voix de l’Est. Je me rappelle qu’on a même parlé de mon chien Beethoven ! »

Q-Est-ce que tu conservais les coupures de La Voix de l’Est ?

« Ben oui ! Toute ma famille le faisait ! Ma tante Marthe, ma grand-mère. Quand mon pépère est décédé, j’ai reçu une pochette remplie de coupures, autant de mon père en pompier que de moi en chanteuse. Jean Lapalme, mon gérant de l’époque, et moi, on a une histoire avec La Voix de l’Est. C’était toujours son réflexe d’appeler le journal lorsqu’on avait une belle nouvelle à annoncer. Il m’a inculqué l’importance d’être présente dans ma communauté, car tout part de là. »

Q-Penses-tu qu’avoir été suivie par un média local dès ta jeunesse a pu faire une certaine différence pour la suite ?

« Mon dieu oui. Ç’a eu un gros impact sur ma carrière. Ç’a joué beaucoup sur ma confiance. Voir mon visage, lire un article sur moi dans le journal, ça faisait une différence. Et c’était une grande fierté pour mes parents. »

Q-Retournons à cette époque... que se passait-il dans ta tête et ton coeur à ce moment ? Rêvais-tu désespérém­ent de devenir chanteuse profession­nelle ?

« Je ne pensais même pas en faire un métier parce que la musique chez nous était un passe-temps. Mes parents avaient créé Musicophon­ie pour amasser des fonds pour les enfants malades et se changer les idées de la maladie de mon frère Louis-Philippe. Mais c’est à ce moment que j’ai compris que si je voulais, je pouvais devenir chanteuse. Notre-Dame de Paris s’est présenté à moi sur un plateau d’argent. À 12 ans, j’avais chanté avec mon frère Le cycle de la vie du Roi Lion au Téléthon sur la recherche pour les maladies infantiles, et par l’entremise du chef d’orchestre Daniel Mercure, je me suis plus tard retrouvée en audition chez Luc Plamondon. C’est d’ailleurs chez lui que j’ai croisé JeanFranço­is Breau [aujourd’hui son mari] pour la première fois ! »

Q-As-tu l’impression que tout a commencé le soir de cette performanc­e dans Notre-Dame ?

« Oui. À partir de ce moment-là, les projets se sont enchaînés et ç’a pris toute la place. Soudaineme­nt, je me suis mise à rêver d’une carrière internatio­nale. Ce n’est pas ce que j’ai fait et c’est correct. J’ai plutôt planté des racines fortes et profondes chez nous à travers les comédies musicales, le duo avec Jean- François, en fondant une famille, en faisant de la radio... »

Q-Justement, es-tu surprise par la direction que ta carrière a prise ?

« Je pense qu’on crée son destin et qu’on provoque les rencontres. La radio s’est présentée quand ma première fille avait neuf mois ; j’avais envie de vivre autre chose et de me mettre au défi. En devenant maman, je me sentais comme une ‘‘wonderwoma­n’’ et j’ai voulu essayer ça. J’ai tenté l’expérience un été et ça fait six ans que je suis à Rythme FM. »

Q-À ce jour, quel a été le moment qui a tout changé, à ton avis ?

« Tout s’est fait une marche à la fois, sans que je sois propulsée trop vite dans le milieu. Mais si je n’avais pas fait la comédie musicale Don Juan, je n’aurais pas eu le même parcours profession­nel et de vie ; je ne serais pas où je suis aujourd’hui avec JF, les trois enfants, tout ! J’ai vécu des hauts et des bas dans cette aventure, j’ai voyagé jusqu’en Corée du Sud. Rien ne serait pareil. »

Q-Comment décrirais-tu ton parcours en quelques mots ?

« Je dirais que j’ai une vie exceptionn­elle, que je vis des choses extraordin­aires, mais que je suis une fille très ordinaire. Mes parents m’ont enseigné ce côté terre- à- terre qui fait que je suis capable de voir mes bons coups et mes moins bons. J’ai beaucoup goûté chaque moment et je n’ai aucun regret. Aucun. Ça pourrait s’arrêter demain matin et ce

serait correct. Aujourd’hui, j’ai une carrière où je me permets d’essayer plein de choses, même une émission de rénovation ces temps-ci ! Au fil des ans, j’ai aussi appris à compter sur les autres pour réussir, et à me relever les manches. »

Q-Jeune, aurais-tu pu imaginer la Marie-Ève d’aujourd’hui avec une famille, une carrière polyvalent­e et autant de succès ? « Non, non et non. Je n’ai jamais eu cette image en tête. En fait, je ne savais pas exactement où je m’en allais. Le plaisir de chanter et d’avoir du plaisir primait. Quelqu’un m’a dit récemment qu’il fallait avoir des étoiles dans les yeux pour embarquer dans un projet. Quand tu mets ça en applicatio­n, c’est l’fun au boutte ! »

On peut entendre Mar i e - Ève Janvier les matins et midis de semaine sur les ondes de Rythme FM. À compter du printemps 2024, elle sera à la barre de l’émission de décoration­rénovation Une maison signée

Janvier à Canal Vie. Durant l’été, elle tiendra le rôle principal de la nouvelle comédie musicale Waitress, qui sera présentée à Montréal, puis à Québec.

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— MARÏ P⋆OTOGRAP⋆E «Je dirais que j’ai une vie exceptionn­elle, que je vis des choses extraordin­aires, mais que je suis une fille très ordinaire», confie Marie- Ève Janvier.

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