POUR L’AMOUR DE L’INFORMATION
L’ex-journaliste et chef de pupitre à La Voix de l’Est, Anne Normand, s’est retirée du milieu de l’information en 2017, après y avoir travaillé 31 ans. Mais une partie de son coeur y est restée. Et elle continue à être convaincue de l’importance du média granbyen, peu importe le support sur lequel il est présenté.
« Le journal ne sera pas moins pertinent parce que le support papier ne sera plus là, laisse tomber Mme Normand. Au contraire, je pense que c’est plus important que jamais, dans un monde où on est bombardé d’informations non vérifiées. »
Selon la journaliste retraitée, le journal a toujours su faire preuve « d’audace et de créativité » au fil des décennies. Le changement de millénaire avait par exemple été marqué par la publication d’un cahier spécial axé sur la vision d’avenir des gens de la région, se souvient-elle.
Au quotidien, La Voix de l’Est et ses artisans ont été et continuent d’être aux premières loges de plusieurs événements marquants. Alors qu’elle était journaliste, Anne Normand se souvient entre autres avoir assisté au dévoilement des résultats du référendum de 1995 sur la souveraineté du Québec en compagnie de la famille Dumoulin, alors de fervents souverainistes.
« Il y avait des périodes dans la soirée où le “oui” était en avance, d’autres fois c’était le “non”, raconte-t-elle. Il y avait une bouteille de champagne. Ils étaient sûrs que ça se faisait ce soir-là. Il y avait de petits drapeaux qu’ils agitaient devant l’écran de télévision. [...] Finalement, le non l’a emporté. Et je sentais la déception réelle et très forte de ces gens-là. Je me souviens même de la chute du texte que j’avais écrit. J’avais fini mon article en écrivant : “Le champagne attendra chez les Dumoulin”. »
La Voix de L’Est et ses lecteurs ont également toujours été en bonne position pour « voir naître des choses » , estime Mme Normand. Elle cite entre autres les carrières de plusieurs artistes qui ont débuté au Festival international de la chanson de Granby ou de plusieurs sportifs qui se sont démarqués aux Championnats de tennis Banque Nationale, dont Lynda Lemay et Félix Auger-Alliassime.
SOUVENIRS IMPÉRISSABLES
De son passage au quotidien granbyen de 1986 à 2017, Anne Normand conserve des souvenirs impérissables, dont cet « esprit de famille » qui régnait au sein de l’équipe. « On ne verra plus ça des gens qui s’accrochent les pieds aussi longtemps », laisse-t-elle tomber en riant au sujet de sa longévité.
Les soirées électorales, peu importe le palier de gouvernement, figurent parmi ses meilleurs moments. « La salle de rédaction devenait une ruche, raconte- telle. L’ambiance était particulière. L’effort était collectif pour avoir tous les résultats dans l’édition du lendemain. Tout le monde ramait dans la même direction. L’heure de tombée du papier était repoussée pour l’occasion. »
Les lecteurs de La Voix de l’Est ont surtout pu apprécier la plume
d’Anne Normand à titre de journaliste attitrée à la couverture des arts et spectacles.
De 2001 à 2017, elle a oeuvré à titre de chef de pupitre, veillant notamment avec son « oeil de lynx » et sa parfaite maîtrise de la langue française, à la correction et à la mise en page des différents textes. Elle a, à cette époque, fait équipe avec d’autres vétérans du journal, dont Richard Plante et André Bilodeau. Sa journée se terminait en toute fin de soirée, une fois les dernières pages bouclées.
La technologie a certes évolué au cours des dernières décennies. Mais la mission d’information qui a toujours guidé Anne Normand et ses collègues, elle, est demeurée la même.
« Le contexte a énormément changé, dit- elle. Il est beaucoup question des réseaux sociaux. Mais Facebook ne donnera jamais de l’information vérifiée et crédible, qui fait le tour de la question et aborde les différents côtés de la médaille. Du “je pense que...”, ce n’est pas ça qu’on fait ».