QUAND LA FIÈVRE OLYMPIQUE S’EST EMPARÉE DE BROMONT
La région accueille des événements sportifs d’envergure internationale chaque année, mais aucun autre n’a rayonné aussi largement que les compétitions équestres tenues à Bromont dans le cadre des Jeux olympiques de 1976. Un épisode historique dont les retombées se font encore sentir à ce jour.
Du 23 juillet au 1er août, plus de 130 duos cavalier/cheval provenant de 23 pays se sont amenés chez nous afin de participer à un total de cinq épreuves (le saut d’obstacles par équipe s’est déroulé au Stade olympique de Montréal).
LA FAMEUSE CHUTE
L’une des inscrites s’est retrouvée sous les projecteurs sans même s’approcher du podium. La princesse Anne a en effet été emportée par la dure chute de son cheval lors du cross-country, une étape du concours complet. Victime d’une commotion cérébrale, Anne est néanmoins remontée sur Goodwill pour compléter le parcours et aboutir au 24e rang individuel.
Cet incident a été repris par de nombreux journaux à travers le globe.
La princesse était accompagnée de sa mère, la reine Élisabeth II, et de plusieurs autres membres de la famille royale britannique, dont le passage a évidemment suscité tout un émoi. Dans un article publié sur nos plateformes à la suite de la mort du prince Philip, en avril 2021, l’homme d’affaires Charles Désourdy affirmait que le Grec d’origine « est un de ceux qui ont pesé pour que ça se passe à Bromont ». Philip honorait ainsi son lien d’amitié avec le fondateur de la ville, Roland Désourdy.
Après l’octroi officiel des compétitions équestres à Bromont, au détriment de Saint-Lazare, le comité organisateur a pris les grands moyens pour répondre aux attentes de la communauté olympique. On rapporte que la facture totale pour les constructions et aménagements s’est élevée à 4,425 M $, soit le quadruple de l’estimation initiale. Pouvant accueillir 15 000 spectateurs, le stade bromontois a cependant suscité de nombreux éloges. Sa surface est notamment demeurée praticable malgré de fortes pluies.
UN EXPLOIT QUÉBÉCOIS
Le site du chemin de Gaspé a été le théâtre de prouesses hors du commun pendant plus d’une semaine.
La liste des principaux faits saillants inclut sans contredit la deuxième place de Michel Vaillancourt et sa monture Branch County au saut d’obstacles, derrière l’Allemand de l’Ouest Alwin Schockemöhle et Warwick Rex. Vaillancourt est ainsi devenu le tout premier cavalier canadien à remporter une médaille olympique individuelle. Il allait revenir sur les lieux de son exploit plusieurs fois, notamment pour concevoir le parcours de l’International Bromont.
Le concours complet a été globalement dominé par la délégation américaine, Edmund Coffin réussissant d’ailleurs un doublé. La Suissesse Christine Stückelberger a triomphé en dressage, tout comme l’équipe d’Allemagne de l’Ouest.
Le rassemblement bromontois est par ailleurs passé à l’histoire en raison d’une péripétie moins heureuse : la première disqualification pour médication interdite aux Jeux olympiques. Le verdict a été rendu au détriment de l’Irlandais Ronald McMahon et son cheval San Carlos.
Malgré cet incident, les retombées auront surtout été positives. D’abord quant aux plans des infrastructures. Le parc équestre sert toujours de nos jours, notamment pour les Grands Prix de l’International Bromont. Malgré des hauts et des bas au cours des dernières années, le rendez-vous annuel de saut d’obstacles ne semble pas près de s’éteindre. Alors utilisé comme cafétéria, l’aréna local fait aussi partie du legs des JO des 1976.
Colleen Loach n’était pas encore née à l’époque et Mario Deslauriers entrait à peine dans l’adolescence. On devine toutefois que l’histoire leur a été racontée plus d’une fois, et qu’elle a contribué à mener ces deux cavaliers d’ici vers leurs propres expériences olympiques.