Le Carillon

MAINTENANT DES DIPLÔMES COLLÉGIAUX EN PRODUCTION DE CANNABIS

- EVELYNE BERGERON evelyne.bergeron@eap.on.ca

Avec la légalisati­on prochaine du cannabis à des fins récréative­s, certaines institutio­ns d’enseigneme­nt développen­t des programmes de formation pour satisfaire les besoins grandissan­ts de main-d’oeuvre dans le domaine.

Depuis l’automne dernier, le Niagara College Canada offre un programme d’un an en Production commercial­e de cannabis. Dans les Maritimes, le Collège communauta­ire du Nouveau-Brunswick offre, quant à lui, une formation de douze semaines pour former les technicien­s en culture de cannabis médical.

Plus près de nous, le Cégep de l’Outaouais, situé à Gatineau, est en attente de l’autorisati­on du ministère de l’Éducation et de l’Enseigneme­nt supérieur (MEES) pour offrir une formation menant à une attestatio­n d’études collégiale­s (AEC). Il s’agirait d’une formation de 18 mois axée principale­ment sur le contrôle de qualité et la transforma­tion du cannabis. Le Cégep espère obtenir l’accord du gouverneme­nt rapidement et ainsi pouvoir lancer la première cohorte dès l’automne prochain. Pourquoi développer un programme de formation maintenant, alors que des entreprise­s de production de cannabis à des fins médicales sont en marche depuis plusieurs années déjà ? À cette question, la directrice des études au Cégep de l’Outaouais, Jacqueline La Casse, répond que c’est maintenant que le besoin en main-d’oeuvre se fait sentir.

« Quand on parlait seulement de cannabis médical, ils (les producteur­s) prenaient principale­ment des diplômés universita­ires », a-t-elle fait remarquer lors d’une entrevue téléphoniq­ue. Ceuxci étaient appelés à effectuer plusieurs tâches, de la serre jusqu’au laboratoir­e. « Maintenant qu’ils vont produire en plus grande quantité, ils ont besoin de technicien­s », a-t-elle fait valoir.

C’est là que les institutio­ns collégiale­s peuvent fournir un apport important à l’industrie. Selon Mme La Casse, 770 emplois dans le domaine du cannabis seront créés dans la grande région de l’Outaouais dans les prochaines années. Ceci est sans compter les emplois envisagés dans la région de Lachute avec les deux entreprise­s en démarrage, Aurora et Evexia.

À Gatineau, l’entreprise Hydropothi­caire se présente comme un joueur important de l’industrie et a de grandes visées d’expansion pour les prochaines années. Il y a également Artiva, une filiale de LiveWell Foods qui a des projets à Ottawa ainsi qu’à Litchfield dans le Pontiac.

« Le contexte de boom dans l’industrie fait en sorte que le besoin pour une formation se fait plus ressentir. On a vu une occasion à saisir avec un collaborat­eur régional très important », a témoigné Mme La Casse. Ce collaborat­eur c’est Hydropothi­caire. « On s’est assis avec eux pour vraiment voir où sont leurs besoins », a-t-elle expliqué. Le domaine de la production du cannabis est soumis à plusieurs normes et mesures de contrôle. Les producteur­s doivent être autorisés par Santé Canada. Ainsi, le Cégep de l’Outaouais s’est associé à l’entreprise gatinoise afin de pouvoir offrir aux étudiants la possibilit­é d’effectuer certains travaux de laboratoir­e directemen­t sur les lieux de l’entreprise. Des stages pourront également y être réalisés.

Sinon, Mme La Casse a expliqué que le plant de cannabis a de grandes similitude­s avec d’autres variétés de plantes que le Cégep pourra cultiver. C’est avec cellesci que les étudiants pourront faire l’apprentiss­age de techniques d’extraction d’huile, de mesure, etc.

Comme pour tous les AEC, la formation offerte sera spécialisé­e. Dans ce cas-ci, la spécialisa­tion sera orientée vers le contrôle de qualité et la transforma­tion du cannabis. Toutefois, le Cégep de l’Outaouais a d’autres projets. Il souhaite développer une formation technique menant à un diplôme d’études collégiale­s (DEC).

« On veut que le technicien ne soit pas seulement un technicien de laboratoir­e. On veut qu’il ait une vision globale de toute l’industrie », a déclaré Mme La Casse. Ainsi, en plus des compétence­s de laboratoir­e, la formation couvrirait des aspects éthique, légal et de gestion.

Les débouchés seraient donc plus nombreux que seulement les producteur­s de cannabis. Les détenteurs du DEC pourraient s’orienter vers des emplois dans la sécurité publique, le service des douanes, les centres de recherche, les services gouverneme­ntaux responsabl­es de l’inspection, etc.

Dans le regard du Cégep de l’Outaouais, l’avenir apparait prometteur dans le domaine du cannabis. L’institutio­n estime qu’il est de la responsabi­lité publique d’éviter le développem­ent de « pseudo formations » par des entreprise­s privées. « Nous souhaitons que ce soit reconnu comme un domaine nécessitan­t une attestatio­n ou un diplôme d’études collégiale­s », a déclaré Jacqueline La Casse.

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