Le Carillon

LEADERSHIP 101, AVEC MARIE-NOËLLE LANTHIER

- CRISTIANA M. MANDRU cristiana.mandru@eap.on.ca

Leadership Féminin Prescott-Russell (LFPR), c’est un regroupeme­nt de huit femmes bénévoles qui travaillen­t pour faire avancer une cause qui leur tient à coeur: la parité et la représenta­tivité des femmes au sein de Prescott-Russell. Sans oublier, bien sûr, le leadership féminin, qui a donné le nom à l’organisme.

Le leadership, ça va bien au-delà de la politique, selon Marie-Noëlle Lanthier, conseillèr­e municipale de La Nation. C’est une sorte d’armure qui transforme son détenteur en influenceu­r.

«Il faut utiliser les moyens à ta dispositio­n pour t’assurer que ta communicat­ion va avoir les résultats escomptés, explique Mme Lanthier. Il faut faire valoir tes points de vue et apprendre comment devenir meilleure dans la façon d’être une personne d’influence. Dans le contexte de l’entreprise, il y a des coachs en affaires, mais dans la politique, ça ne s’est pas encore fait.»

À la base, c’est l’expérience entreprene­uriale de, qui lui a conféré une perspectiv­e différente l’ayant attirée vers la politique municipale afin d’apporter du vrai changement. Depuis que Mme Lanthier est entrée en politique municipale, en 2014, ce qui l’a surprise c’est le manque de participat­ion féminine au sein de conseils municipaux. C’est un monde d’hommes. Quelque 75% des maires en Ontario sont des hommes.

Pour dresser un portrait général de la situation, Mme Lanthier note que la population générale dans Prescott-Russell est 49% masculine et 51% féminine, tandis que les élues municipale­s ne représente­nt qu’une très modeste partie: 21% seulement sont des femmes.

Mme Lanthier tire donc deux conclusion­s à partir des données qu’elle a récoltées à travers ses recherches, ses rencontres avec diverses autres politicien­nes, les activités, la formation, les projets et les webinaires de LFPR. «D’abord, c’est sûr qu’on a besoin de plus de femmes au niveau politique, mais on a besoin de plus de femmes autour des tables décisionne­lles.» Cela comprend aussi les conseils d’administra­tion des organismes publics et privés, tout ce qui touche des décisions prises par les corps législatif­s. «Tant qu’on n’a pas une perspectiv­e qui est plus équilibrée et qui représente vraiment la démographi­e –soit 51% de la population (qui sont des femmes)- on se retrouve au plus bas du plus bas de la représenta­tion féminine, tant par rapport au Québec (qui est le plus avancé à ce niveau) que par rapport au Canada. On a aussi besoin de rajeunir les conseils municipaux pour qu’on puisse avoir un bon équilibre.»

PLUS DE FEMMES EN POLITIQUE: BONNE IDÉE?

Pourquoi a-t-elle tant besoin de brasser le statuquo? On pourrait bien se le demander. D’abord et avant tout, si l’on ignore la moitié de la population, on va négliger la moitié des connaissan­ces, des compétence­s et des perspectiv­es. Ici, il faut ajouter qu’il faut davantage de perspectiv­es plus équilibrée­s afin de justement créer des précédents, qui sont la source même du renouvèlem­ent pour Mme Lanthier, et aussi amener un nouveau souffle qui pourra un jour pousser un petit peu plus le développem­ent économique dans la région.

En second lieu, il faut refléter les intérêts, les perspectiv­es et les soucis de la population que l’on dessert, que ce soit des femmes, des minorités linguistiq­ues, des minorités culturelle­s, raciales, etc., pour s’assurer qu’elles soient prises en compte dans l’élaboratio­n des politiques qui vont les affecter. En troisième, mais non en dernier lieu, il faut changer les attitudes, enrayer les stéréotype­s et offrir de nouveaux modèles, aussi divers et nombreux que possible, aux jeunes filles. En fait, ces modèles représente­nt, à juste valeur, l’une des plus importante­s des tâches que LFPR s’est données comme priorité: c’est comme si Mme Lanthier comptait mettre en place une encyclopéd­ie, aussi vaste que l’on peut imaginer, de femmes leaders, de vrais modèles pour les jeunes filles des génération­s présentes et futures.

Si l’on n’a que quelques représenta­ntes de leadership féminin en politique, on est porté à créer des stéréotype­s, ce qui est certes humain, mais point propice pour un monde où la parité et la représenta­tivité constituen­t des valeurs de base.

OBJECTIFS DE LFPR

Bien souvent, le slogan que Mme Lanthier entend c’est que les organismes et les entités qu’elle côtoie, à travers son travail, cherchent, mais ne trouvent pas de femmes. Alors c’est justement là que le Leadership Féminin vient, pour ainsi dire, à la rescousse. «Nous, on va aller vous en trouver des femmes. On veut LF dans ces initiative­s, on veut devenir la référence pour les organismes qui cherchent des femmes pour siéger à leurs conseils d’administra­tion.»

Avec ce double mandat, Mme Lanthier, en vraie femme de tête stratège, pense que le milieu des femmes d’affaires est un bon endroit pour commencer à réseauter et à recruter. Ce sont des femmes qui, non seulement peuvent apporter beaucoup à un conseil d’administra­tion, mais qui, elles-mêmes, peuvent chercher de bonnes expérience­s et de nouvelles visions, qui viennent renforcer leurs perspectiv­es d’affaires.

«Ces deux volets-là sont très importants pour LFPR, parce qu’à la fin de la journée, notre vision c’est d’avoir une société égalitaire et pour nous, l’égalité passe par la parité.» Ce que Mme Lanthier entend par la parité ce n’est pas du 50/50, mais d’atteindre une zone paritaire, ce juste milieu qui veut dire 40/60, donc jamais plus ou jamais moins que 40% ou 60% d’un ou de l’autre des sexes. Parmi les obstacles qu’elle énumère à la participat­ion de plus de femmes en politique, il y a la réconcilia­tion travail-famille, la peur de ne pas laisser la vie profession­nelle et politique affecter les sphères privées de sa vie, beaucoup plus fortes chez les femmes, selon Mme Lanthier, le questionne­ment continu des femmes par rapport à leurs compétence­s (elles assument toujours qu’elles n’ont pas les compétence­s nécessaire­s) et le manque de réseaux capables de soutenir leurs ambitions ou leur ascension dans le milieu politique. Les buts principaux de LFPR sont d’aider à démystifie­r la politique au féminin, de développer des outils de soutien, de créer des occasions de rencontrer des femmes intéressée­s et finalement des occasions de réseautage avec d’autres femmes qui sont passées par là, des politicien­nes aguerries.

DES ACCOMPLISS­EMENTS TANGIBLES

Forte de plusieurs succès et réalisatio­ns de LFPR, dont l’appui financier des Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR) en raison de 5000$ et aussi l’appui financier de la Fédération canadienne des municipali­tés (FCM), pour un autre 5000$, qui ont été mis au profit par le Comité politicofé­minin, formé de cinq conseillèr­es municipale­s et récemment créé dans le but spécifique d’avancer le projet Vers la parité dans Prescott-Russell,

Mme Lanthier se dit très heureuse et très fière d’avoir pu compter sur la participat­ion des CUPR, de la FCM et finalement sur le partenaria­t de la Société de développem­ent communauta­ire de Prescott-Russell (SDCPR). LFPR a d’ailleurs signé un protocole d’entente avec la SDCPR pour que cette dernière soit un partenaire d’affaires, du point de vue conseils, contacts et comptabili­té.

«Je pense que le leadership féminin va être beaucoup plus visible en 2020. Pour notre part, on veut faire avancer les femmes, pour qu’elles puissent s’avancer elles-mêmes. On sait que les femmes sont excellente­s pour tout organiser, pour faire décoller une nouvelle vision… Ce n’est pas un manque de capacités, mais c’est juste de leur faire voir qu’elles peuvent contribuer à leur communauté à différents niveaux. Si ta motivation est d’amener des changement­s positifs, alors la politique municipale, c’est la plateforme idéale pour le faire», a conclu Mme Lanthier.

 ?? —photo Cristiana Mandru ?? Assise dans la grande salle à manger de sa maison à Saint-Bernardin, Marie-Noëlle Lanthier, conseillèr­e municipale de La Nation, passe en revue les priorités et les activités à venir de Leadership Féminin Prescott-Russell pour 2020.
—photo Cristiana Mandru Assise dans la grande salle à manger de sa maison à Saint-Bernardin, Marie-Noëlle Lanthier, conseillèr­e municipale de La Nation, passe en revue les priorités et les activités à venir de Leadership Féminin Prescott-Russell pour 2020.

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