LES DÉPOTOIRS DÉBORDENT: LE LAIT EN SAC AU SECOURS
Près de 75 à 80% des Ontariens achètent leur lait en sac. C’est la compagnie DuPont qui, en 1967, a été la première à instaurer cette pratique au Canada. Elle permet depuis d’épargner la production d’un nombre considérable de détritus, ce qui n’est pas un luxe alors que les dépotoirs grossissent à vue d’oeil.
Selon Jo-Anne St-Godard, directrice générale du Recycling Council of Ontario, la situation des dépotoirs en Ontario est plus que préoccupante.
«Dans les dernières années, on a augmenté la quantité de déchets produits au lieu de la réduire. De plus, on recycle de moins en moins. On fait vraiment un pas dans la mauvaise direction», a-t-elle déploré. Depuis les années 1960, la transition des bouteilles de verre aux sacs de lait a permis d’économiser un nombre faramineux de déchets produits. L’utilisation de sacs et éventuellement de cartons de lait est devenue la norme en 1970 avec l’apparition du système métrique et a, depuis, permis d’éviter la production de plus de 16 000 tonnes de déchets.
Ce chiffre est tiré d’une étude de l’Association canadienne de l’industrie des plastiques (ACIP), réalisée en 1997 et qui se penche sur les impacts de cette transition. Elle révèle, entre autres, que si les bouteilles de verres avaient continué d’être aussi populaires, plus de 16 400 tonnes de déchets supplémentaires auraient été produites entre 1967 et 1995.
Pour cette dernière année seulement, les chercheurs évaluent que le remplacement des bouteilles de verre par des sacs de lait a permis de sauver plus de 5600 tonnes de déchets. Cela représente approximativement le poids de dix avions de ligne Airbus A380, remplis de carburant.
L’étude avait aussi envisagé un scénario dans lequel le lait en sac aurait été éliminé en faveur des 2L de lait en carton. Le résultat aurait été une augmentation de la quantité de déchets à la hauteur de 29 111 tonnes. Retour en arrière?
Les sacs de plastique étant moins volumineux que les cartons ou même le verre des bouteilles, ils seraient la solution à préconiser pour limiter la taille des dépotoirs. La solution est cependant à double tranchant, puisque le plastique dont sont faits les sacs de lait met beaucoup plus de temps à se décomposer. Selon Jo-Anne St-Godard, il existe d’autres options. Par exemple, de maximiser l’utilisation de matériaux biodégradables dans la fabrication des emballages laitiers permettrait d’engendrer moins de résidus lors du processus de triage.
Le retour à l’utilisation de contenants réutilisables, comme les bouteilles de verres, serait une autre bonne option… À condition, bien sûr, de les remplir et de les utiliser plus d’une fois!
Jo-Anne St-Godard rappelle aussi que l’achat de produits locaux permettrait de restreindre le transport, l’un des grands responsables de la production de gaz à effets de serre.