Le Carillon

LE DÉPANNEUR LEMIEUX VENDU, LA FIN D’UNE ÉPOQUE

- GÉRARD MALO nouvelles@eap.on.ca

La belle aventure des 67 ans d’existence à Rockland de l’épicerie Lemieux, devenu le Dépanneur Lemieux prendra fin le 31 mai.

La propriétai­re Louise Lemieux remettra alors les clés de l’entreprise familiale à ses nouveaux propriétai­res. C’est après avoir quitté leur ferme qui venait de passer au feu à Embrun en 1954 que les parents de Louise Lemieux ont fait l’acquisitio­n de la petite épicerie d’un monsieur Valade, rue Laurier à Rockland. Il n’y avait pas grand monde à l’époque dans ce qui n’était qu’un tout petit village à majorité francophon­e à l’est de Cumberland et d’Ottawa. «Soixantese­pt ans plus tard avec ses 24000 habitants, ce n’est plus le Rockland de ma petite enfance», souligne Mme Lemieux. Avec les années, l’Épicerie Lemieux allait devenir un commerce très fréquenté par les familles des environs. «Après la mort subite de mon père qui n’avait que 50 ans en 1962, c’était tellement occupé à l’époque que c’est ma mère à 47 ans qui a dû prendre l’épicerie de quartier en charge, se remémore-t-elle. Comme elle avait encore 3 enfants à élever, il a bien fallu aider!» La jeune Louise n’avait que 12 ans. Tout en poursuivan­t ses études, celle-ci travaillai­t tous les jours à l’épicerie. Comme les souvenirs se bousculent! Trop nombreux pour elle à tout raconter, elles aiment bien parler d’une époque où les boissons gazeuses comme les Pure Springs, Coka Cola et Seven up ne se vendaient qu’en bouteilles. «Les gens rapportaie­nt leurs bouteilles vides pour lesquelles on leur donnait 5 sous pour les petites et 20 sous pour les grosses. Et puis, ajoute-t-elle, c’était aussi l’époque des timbres Gold Star qu’on accumulait en vue de les échanger pour des cadeaux, un peu comme ça se fait de nos jours avec les fameuses cartes-cadeaux.» C’est Louise Lemieux qui a pris le commerce en charge lorsque sa mère est décédée en 1986. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne l’a pas eu facile lorsque les magasins à grande surface comme les Canadian Tire et les Food Basicsbasi­c et bien d’autres sont arrivés avec à Rockland les uns après les autres. C’est ainsi qu’elle a décidé de transforme­r son épicerie de quartier en dépanneur. Si les bons souvenirs ont continué de nourrir sa vie, ils ont quelques fois été accompagné­s de mauvais souvenirs. «Trois fois, dit-elle, j’ai subi des cambriolag­es de jour comme de nuit!» Puis, la pandémie est arrivée l’an dernier, ce qui a été pour Louise Lemieux, la goutte de trop, celle qui l’aura convaincu de vendre. «Avant la pandémie, j’ouvrais le Dépanneur Lemieux à 9 heures du matin, alors que maintenant je n’ouvre qu’à 14 heures.» C’est là qu’elle s’est dit qu’à 72 ans bien sonnés, ça suffit! C’est le temps de vendre et d’envisager une retraite bien méritée. Une décision tout de même difficile, car pour cette femme d’affaires, le dépanneur Lemieux, c’est essentiell­ement le centre de sa vie. Toutefois sans doute résignée à passer à un nouveau chapitre, la retraite à la veille de commencer lui sourit. C’est le 31 mai que Louise Lemieux, probableme­nt les larmes aux yeux remettra les clés de son commerce à ses nouveaux propriétai­res, des Indo-Canadiens. «Je pense que je vais me sauver de là sans plus tarder!» Ce qui la fait sourire à l’idée de la retraite, c’est sa passion pour le golf et les voyages dont elle a dû se passer jusqu’à maintenant. «Et qui sait, avoue-telle, peut-être que je devrais écrire un livre sur l’aventure du Dépanneur Lemieux.»

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- photo Gregg Chamberlai­n C’est après avoir quitté leur ferme, qui venait de brûler à Embrun en 1954, que les parents de Louise Lemieux ont acquis une petite épicerie d’un certain M. Valade sur la rue Laurier à Rockland.

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