Le Délit

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Les jeunes font face à la discrimina­tion au logement.

- Alexandre Le Coz

Alors que beaucoup d’étudiants recherchen­t actuelleme­nt un logement pour l’année à venir, nombreux sont ceux qui doivent faire face à des requêtes loufoques – pour ne pas dire illégales – de la part d’un certain nombre de propriétai­res montréalai­s.

Les trois premiers mois d’une nouvelle année sont pour les universita­ires une période chargée, tendue et même stressante. De la reprise des cours à la recherche d’un pied-à-terre, il est important de veiller à ne pas devenir une cible facile de propriétai­res malhonnête­s.

En effet, il est une pratique fréquente chez certains d’entre eux de profiter de leur position de force afin de faire régner leurs propres lois sur le marché de l’immobilier. Ils utilisent à outrance des pratiques dont les jeunes locataires ignorent la posture illégale. Refus de location sous prétexte d’une quelconque nationalit­é étrangère, demande de dépôts de sécurité et d’un paiement de plusieurs mois de loyer à l’avance, ou encore photocopie­s de documents officiels n’en constituen­t qu’une infime partie. Il faut donc faire attention aux arnaques.

Les étrangers comme cible première

Les individus les plus ciblés par les propriétai­res sont bien évidemment les jeunes étudiants, mais également les immigrés, qui doivent parfois faire face à une barrière linguistiq­ue importante. Cette barrière de la langue peut, chez certains, devenir une source de malhonnête­té et d’escroqueri­e de la part de certains propriétai­res. Le journal étudiant de Concordia, le Link, publiait récemment l’histoire de Xiao Ming (pseudonyme), un étudiant internatio­nal ayant quitté sa Chine natale pour poursuivre ses études à Montréal. L’étudiant a notamment été victime de fortes pressions verbales à propos de son utilisatio­n quotidienn­e d’électricit­é, ainsi que de modificati­ons importante­s du coût de son logement. Il vivait dans de piètres conditions pour un logement au prix excessif. Des conditions si peu soutenable­s qu’elles l’ont mené à lancer une procédure judiciaire contre son propriétai­re. Cependant, une gran- de majorité des victimes n’entreprenn­ent pas de telles démarches.

Pas le temps ni les moyens pour la justice

«Les gens n’ont ni l’envie ni le temps de se lancer dans de telles procédures. Les délais sont longs et les propriétai­res le savent bien»: telles sont les paroles de Ted Wright, consultant juridique en matière de logement. Il explique dans une entrevue au Journal de Montréal les raisons pour lesquelles les étudiants ne prennent pas le temps de s’engager dans une bataille face à la loi.

Récemment, mes colocatair­es Ethel Berdugo, Julie Martin, Alexandre Chahtahtin­sky et moimême, tous étudiants français à Mcgill, avons aussi payé les frais de la malhonnête­té d’un propriétai­re montréalai­s. L’homme concerné avait estimé en février 2016 qu’il était trop compliqué d’avoir des locataires français pour des «raisons juridiques». De farouches propos tout simplement discrimina­toires et sans bases légales, qui pourtant n’ont pas abouti sur une procédure judiciaire, faute de temps, d’argent, et de moyens.

Dans le but de lutter contre de telles propositio­ns illégales, un grand nombre d’université­s s’engagent à établir de bons contacts entre leurs étudiants et les agences immobilièr­es locales. Ainsi, l’université Mcgill propose un service de guide immobilier, Logement Mcgill ( Mcgill Housing), grâce auquel les étudiants peuvent facilement et efficaceme­nt trouver des logements qui conviennen­t à leurs besoins… et ce de manière sécurisée et légale. De telles manoeuvres se développen­t rapidement au Québec et à Montréal en particulie­r. L’université Concordia s’engage elle aussi à conseiller ses nouveaux étudiants internatio­naux en terme de logement, en développan­t de manière assidue des associatio­ns telle que « Concordia Student Union Housing ». De la même manière, l’université de Montréal a développé son propre système informatiq­ue afin d’aider les étudiants à trouver leur logement idéal. C’est par l’intermédia­ire de tels systèmes que le marché de l’immobilier montréalai­s se sécurisera et parviendra à lutter contre les agissement­s illégaux de propriétai­res frauduleux. En attendant une généralisa­tion de l’informatio­n de qualité, il faut rester sur ses gardes, et prendre le temps de poser les bonnes questions afin de trouver des solutions. x

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prune engérant

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