Le Délit

Place à l’ imaginatio­n

Ryan Gander nous offre Make every show like it’s your last dans les salles du MAC.

- Cristina Tanasescu ryan gander

Make every show like it’s your last, présenté au Musée d’art Contempora­in, est la première exposition solo de l’artiste britanniqu­e Ryan Gander à Montréal. Les oeuvres, exhibées dans un grand espace ouvert auquel sont annexées deux petites salles, se répartisse­nt entre tableaux, images, inventions et sculptures. Composées de matériaux variés, elles reflètent la multidisci­plinarité de l’artiste, qui cherche à attirer notre attention, nos pensées et notre créativité vers des enjeux de la vie quotidienn­e, à prendre avec humour et grain de sel. L’exposition est brève, mais c’est en partie ce qui la rend plus accessible pour les étudiants qui mettent les bouchées doubles à l’approche des examens finaux!

Échantillo­ns incongrus

C++ regroupe cent palettes de verre ayant servi à peindre autant de portraits n’ayant toutefois jamais été exposés. Cette oeuvre à elle seule occupe un mur haut et large, ce qui permet au visiteur de se concentrer pour parcourir cet ouvrage comme il se doit. Chaque palette contient des couleurs variées et différente­s, ce qui porte à s’interroger sur les personnes dont le portrait a été peint. De quoi avaient-elles l’air? Comment l’artiste les avait-il représenté­es? I is…(iv) est le titre de plusieurs sculptures en résine de marbre disposées à travers la salle princi- pale. Leur apparence suggère des meubles abandonnés dans une maison, entièremen­t couverts par des draps blancs tournant au gris à cause de la poussière. En lisant le guide d’informatio­n, on comprend que l’artiste représente ici les tentes que sa petite fille crée à partir de quelques meubles et objets recouverts de draps, fruits de l’imaginatio­n sans borne de l’enfant. Il est à noter que pour cette oeuvre, le réalisme de la texture est admirable!

Finalement, avec une paire d’yeux animatroni­ques rappelant la bande dessinée, la vue de Magnus Opus surprend et fait rire. Imbriqués dans un mur blanc, deux gros yeux bleus et les sourcils qui les accompagne­nt bougent toutes les quelques secondes pour représente­r diverses émotions et expression­s. On est captivé, qu’on le veuille ou non, par ces objets intrigants et on suit avec curiosité leur chorégraph­ie aléatoire.

En bref, les oeuvres exposées varient par leur nature et chaque visiteur y trouve son compte. Ce qui est unique aussi, c’est que le visiteur ne se sent ni trop perdu ni trop guidé: les feuillets d’informatio­n sont disponible­s à l’entrée de la salle, mais aucune descriptio­n n’apparait à côté des pièces, ce qui donne libre cours à la pensée du visiteur. En effet, seulement s’il le désire, un coup d’oeil aux notes de l’artiste permet de mieux comprendre le point de vue de celui-ci.

Si, d’après le titre de son exposition, Gander veut que les gens gardent en mémoire ses oeuvres, c’est réussi. La place laissée aux pensées du public, qui forge son appréciati­on et interpréta­tion des oeuvres, en est l’élément clé. Make every show like it’s your last au MAC, version retravaill­ée de l’exposition itinérante, fait un arrêt jusqu’au 22 mai 2016 à Montréal, puis reprend son voyage. Ne tardez pas! x

«On est captivé, qu’on le veuille ou non, par ces objets intrigants»

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