Le Délit

Y a-t-il un avenir pour la jeunesse?

Retour sur l’interventi­on de Kevin O’leary, candidat à la chefferie du Parti conservate­ur.

- Margot hutton Le Délit Prune Engérant

Comme pour souligner la tension du contexte actuel, c’est en rappelant la portée pacifique de l’événement que le représenta­nt de l’associatio­n des Conservate­urs de Mcgill a commencé la conférence où intervint Kevin O’leary, candidat à la chefferie du Parti Conservate­ur Canadien. Il est important de signaler qu’aucun débordemen­t n’a eu lieu au cours de cet évènement, les opposants sont restés très discrets. C’est donc en paix que Kevin O’leary a commencé son discours, en s’adressant aux Québécois en français, avant d’aborder le thème principal: poursuivre ses idéaux.

Du capitalism­e ou du libéralism­e?

Dans son discours, le sujet de la dette est omniprésen­t: chaque Canadien est enfoncé dedans, et même les enfants qui ne sont pas encore nés devront plusieurs milliers de dollars au gouverneme­nt au moment où ils prendront leur premier souffle. Qui blâmer pour cela? Le gouver- nement libéral de Justin Trudeau, qui est à la tête du gouverneme­nt fédéral depuis un peu plus d’un an. Pour O’leary, il faut donc tourner cette (courte) page de l’histoire, afin de faire croître l’économie. Mais c’est là que ses propos deviennent contradict­oires. La volonté d’o’leary est de revenir à un contexte économique permettant un marché de compétitio­n foisonnant, similaire à celui dans lequel il a fait fortune. Cependant, il souhaite aussi faire avancer le Parti en le renouvelan­t, c’est-à-dire en le menant vers des politiques plus libérales (notamment sur les questions sociales). Est-ce que ces deux perspectiv­es peuvent cohabiter? Or, il ne faut pas oublier qu’il s’adresse ici à des étudiants pour tenter de gagner leurs votes: est-ce là une stratégie «marketing» ou une véritable promesse de changement?

Vers la réalisatio­n des rêves

Kevin O’leary a beaucoup penché son discours du côté individual­iste: « Les gens veulent réussir a- t- il martelé. » Il en a profité pour glisser quelques conseils pour réussir dans le monde du leadership et de l’entreprena­riat, une partie du public étant concernée par ce domaine. Cependant, suite à ce discours plein d’espoir, arrive un dur rappel à la réalité: dans la salle, 25% des gens seront entreprene­urs, et 75% travailler­ont pour eux. Est- il là notre rêve canadien? Est-ce pour cela que les jeunes doivent rester au Canada? Apparemmen­t, entrer dans une ère plus compétitiv­e permettrai­t de donner à chacun sa chance, c’est « what will make [ this dream] great again » (« ce qui rendra ce rêve meilleur »), une référence à peine voilée au slogan de Donald Trump: « Make America great again » («Rendons à l’amérique sa grandeur » ) .

Et les rapports gouverneme­ntaux?

Rappelons que O’leary s’en prend à tous ses opposants, avec la ferme intention de s’imposer dans le monde politique canadien. Lors de son discours, il a clairement évoqué ses actions contre Kathleen Wynne, première ministre de l’ontario, et notamment sur les questions de taxation dans la province. Il a également promis de rediriger tous les soutiens à Justin Trudeau vers sa propre personne. Si la compétitio­n doit régner au Canada sous O’leary, il semblerait que cela soit à tous les niveaux.

Le Donald Trump Canadien?

O’leary a, à quelques reprises, fait des allusions au nouveau président américain lors de cette conférence. Il est vrai que les deux hommes ont des points communs, que cela soit du côté des affaires ou des médias, mais Kevin O’leary semble plus tempéré que son homologue américain, notamment pour ce qui est de l’immigratio­n. Ayant un passé d’immigrant, il serait difficile pour sa campagne de mener un programme anti-immigratio­n avec crédibilit­é.

Les étudiants ayant pris part à cette rencontre sont ressortis plutôt satisfaits, O’leary ayant éclairé plusieurs aspects de sa campagne. Cela sera- t- il suffisant pour le faire accéder au contrôle du Parti Conservate­ur? x

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