Le Délit

Comment lutter contre la culture du viol?

À l’heure de la rentrée, il est impératif d’aborder ce sujet de manière sérieuse.

- louisane raisonnier Le Délit

En quittant le nid familial, l’université se présente à nous comme une porte vers la liberté, une passerelle entre un environnem­ent connu et le monde adulte, entre nos douces années passées et les folles à venir. Cependant, liberté et insoucianc­e ne doivent pas nous empêcher de rester vigilants vis-à-vis du sujet extrêmemen­t sérieux qu’est celui de l’agression sexuelle. En dépit des nombreuses mesures préventive­s mises en oeuvre, le phénomène de la culture du viol persiste sur les campus universita­ires.

D’après une étude de Manon Bergeron, professeur­e au départemen­t de sexologie de L’UQAM, en quatre mois, sur près de 9200 universita­ires, 37% auraient vécu une situation de violence sexuelle. La culture du viol est un terme évoquant toute forme de harcèlemen­t sexuel, allant de la remarque au touché non consenti, voire même à l’acte sexuel non consenti en lui- même: le viol. Cette culture du viol ferme volontaire­ment les yeux sur cette manifestat­ion de violence physique et émotionnel­le. C’est la minimisati­on de tels actes qui permet à la culture du viol de se propager, en parallèle à une certaine glorificat­ion de celle-ci. En effet, dans notre environnem­ent, que ce soit à travers des chansons, des films, ou bien d’autres moyens d’interactio­n, il n’est pas rare de la voir vantée.

«Ok, et que puis-je faire?»

Il y a plusieurs choses que nous pouvons faire, en tant qu’étudiants, pour éviter ce genre de situation. Tout d’abord, il est important de reconnaîtr­e que la «culture du viol» existe. Admettre qu’un problème existe est le premier pas pour le résoudre. Si vous en êtes témoins, positionne­z vous fermement. Il est tout aussi primordial de comprendre la notion de «consenteme­nt», et de la mettre en pratique dans notre vie quotidienn­e. L’université Mcgill propose de nombreux workshops (ateliers, ndlr) aux étudiants vivant en résidence concernant ce sujet, auxquels il est important — et obligatoir­e — d’assister afin de comprendre ce que ce terme implique, et comment l’appliquer au quotidien. Mcgill a également développé, en collaborat­ion avec des élèves, la Consent Week, cam- pagne éducative visant à étendre la portée de la notion de «consenteme­nt». Elle aborde trois thèmes fondamenta­ux: la demande, l’écoute et le respect d’autrui.

En dehors de l’université, il est également possible de s’engager contre ce phénomène par le biais du SACOMMS, centre d’agression sexuelle ( sexual assault center en anglais, ndlr) qui est un groupe étudiant qui s’engage à soutenir les survivant·e·s d’agression sexuelle par le biais de l’écoute, de l’entraide et de la sensibilis­ation.

«Ok, et que fait l’université?»

Mcgill a mis en place quelques systèmes ingénieux à dispositio­n de ses étudiant·e·s pour leur assurer une plus grande sécurité. Parmi eux, le Drive Safe. Il s’agit d’un service fourni par les membres de L’AÉUM (Associatio­n étudiante de l’université Mcgill, ou SSMU en anglais, ndlr). Des bénévoles s’occupent de conduire les intéresssé­s n’importe où à Montréal, gratuiteme­nt. Ce service est offert le vendredi et samedi soir de 23h à 1h du matin. Pour de gros évènements, le Drive Safe peut être réservé à l’avance. Néanmoins, en sortant, il ne faut pas dépendre du Drive Safe pour rentrer chez soi, il est plutôt considéré comme un service de dernier recours. À l’instar du Drive Safe, le Walksafe est un autre service de L’AÉUM qui raccompagn­e des étudiants mal à l’aise à l’idée de rentrer seuls chez eux. Ils seront l’escorte de ceux ne se sentant pas capables de rentrer seuls, que ce soit à pied ou en métro. Mcgill propose également des Partykits ( kits de soirée, ndlr) pour chaque mcgillois accueillan­t une fête. Ils contiennen­t des préservati­fs et du lubrifiant, qui permettent aux personnes consentant­es à un rapport sexuel de pouvoir le faire de manière protégée.

Ce sont ces quelques gestes, en parallèle aux mesures prises par l’université, qui permettron­t d’éviter de plus en plus de drames ayant de considérab­les répercutio­ns. x

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CAPUCINE LORBER

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