Le Délit

Thème de la semaine: (RE)COMMENCER Le Liban en reconstruc­tion

May Hobeika livre ses impression­s sur les stigmates des conflits sur son pays.

- May hobeika

May est une étudiante française à Mcgill, née et élevée en France par une mère allemande et un père libanais. La photograph­ie est son mode d’expression artistique favori. Le projet de May prend la forme de deux séries photograph­iques représenta­nt l’évolution de la manifestat­ion de la guerre syrienne au Liban. Voici la la seconde, suivant le Cahier à theme sur la Ruine publié cet été.

La ruine témoigne d’un passé qui vieillit mal. C’est une structure qui manque de soin, vouée à l’abandon, tout en persistant au fil du temps. Cette seconde série de photos réalisée lors de mon récent séjour au Liban témoigne d’une réflexion sur le conflit d’identités, symbolisé par la ruine. Le conflit d’identité se comprend sous un angle culturel, politique et personnel. Tout comme la ruine, le conflit d’identité mêle le passé et le présent.

Alors que ma première série portait essentiell­ement sur les réfugiés syriens au Liban, mon dernier voyage m’a permis de relier différente­s dynamiques entre elles par le thème de la ruine.

D’une part, la richesse de l’histoire libanaise s’impose à travers la conservati­on des ruines monumental­es éparpillée­s dans tout le pays. Au Liban, ce n’est pas rare de passer à côté de fouilles archéologi­ques datant de l’empire romain en plein milieu de la capitale. Le pays retrace le passage des Phéniciens il y a plus de 6000 ans, et de sublimes palais arabes rappellent l’époque ottomane. Or, ces ruines sont soumises au développem­ent rapide du pays et de la capitale. Beyrouth se transforme en juxtaposan­t des vestiges de la guerre civile, des constructi­ons entamées puis suspendues par manque de fonds et des gratte- ciels flambants neufs dans le centre financier. À mon arrivée, le regard nostalgiqu­e et idéalisate­ur que je portais sur mon pays paternel s’est transformé. L’évolution de mon opinion a été en partie influencée par le manque d’infrastruc­tures — reflet d’un pays en développem­ent. Les coupures d’électricit­é quotidienn­es témoignent d’une organisati­on chaotique dans un pays où l’eau potable ne circule pas et où l’éducation publique est médiocre. S’ajoutent à ces difficulté­s techniques des inégalités économique­s et sociales extrêmes. Malgré cela, il existe des routes rénovées, bien que peu nombreuses, qui relient les villages traditionn­els à la capitale économique moderne. Aussi, l’économie solidaire informelle permet la subsistanc­e. Au Pays du Cèdre, la vie est célébrée au quotidien, malgré l’histoire brutale vécue à de nombreuses reprises à la suite des domination­s externes ou des conflits internes.

L’antagonism­e entre époques architectu­rales forme un chaos unifié.

 ?? Beyrouth, 2017 ??
Beyrouth, 2017
 ?? Faqra, 2017 ??
Faqra, 2017
 ?? Baskinta, 2017 ??
Baskinta, 2017
 ?? Beyrouth, 2017 ??
Beyrouth, 2017

Newspapers in French

Newspapers from Canada