Le Délit

Désinvesti­ssement tout tracé

Énergie Est, projet pétrolier d’ampleur, a finalement été avorté.

- Margot hutton Le Délit

Le 5 octobre dernier, Trans Canada a annoncé dans un communiqué de presse l'abandon du très contesté projet Oléoducs Énergie Est, «à la suite d'une analyse approfondi­e des nouvelles exigences». Ce projet avait été annoncé en août 2013, soit au lendemain de la catastroph­e du Lac Mégantic.

Incohérenc­es environnem­entales

Dès le début, les contestati­ons furent importante­s, notamment vis-à-vis des enjeux écologique­s.

En effet, la mise en place de telles infrastruc­tures et leur emploi auraient provoqué d'énormes émissions de gaz à effet de serre (GES), et auraient alourdi le bilan de Trans Canada à ce niveau-là.

Les émissions de GES font partie des «nouvelles exigences» de l'office national de l'énergie, qui aurait donc jugé cette pipeline beaucoup trop polluante.

Par ailleurs, l'oléoduc présentait des dangers sanitaires, puisqu'il était censé traverser plusieurs sources d'eau potable. En effet, plus de 3000 plans d'eau dans 24 régions municipale­s auraient été affectés. Avec une seule fuite, une de ces réserves d'eau aurait pu se retrouver contaminée, et les habitants des régions auaient été mis en danger. Trans Canada a dû adapter son projet à de nombreuses reprises. Initialeme­nt, le pétrole devait être acheminé grâce à un terminal sur le Golfe du Saint-laurent, mais cela aurait atteint à la sécurité la faune maritime.

C'est pour cela que l'accès se serait fait directemen­t sur l'océan.

Contradict­ions nationales

Les acteurs concernés n'avaient pas tous les mêmes opinions sur le projet. Alors que Trans Canada, auteur du projet, misait sur la création d'emplois et les bénéfices économique­s que l'oléoduc pourrait engendrer, de nombreuses organisati­ons s'opposaient à ce plan.

D'abord, vis-à-vis des raisons écologique­s citées plus haut, de nombreuses ONG, et autres environnem­entalistes ont désapprouv­é l'idée. C'est le cas de Divest Mcgill par exemple, qui s'était beaucoup investi dans cette dénonciati­on. De plus, les communauté­s autochtone­s étaient des acteurs clés de l'opposition, n'ayant pas été assez consultées sur la mise en forme du projet et ne bénéfician­t d'aucun avantage économique lié à la pipeline.

Les politicien­s et autres acteurs gouverneme­ntaux n'avaient pas peur d'afficher leurs couleurs: les maires de Montréal et de Laval étaient fermement contre, tout comme le Parti Québécois et Québec Solidaire. Le gouverneme­nt provincial était plutôt tempéré, et avait des exigences vis-àvis du projet. Au niveau fédéral, le gouverneme­nt était pour, tout comme les Conservate­urs, alors que le NPD et le Bloc Québécois s'y opposaient.

Pas de répercussi­ons

L'abandon de l'oléoduc ne devrait pas avoir de conséquenc­es économique­s trop importante­s, compte tenu du fait que d'autres plans similaires, tels que Trans Mountain et Keystone XL sont en cours de réalisatio­n. Il était même devenu incohérent de rajouter Énergie Est à cette liste, compte tenu des enjeux financiers.

Effectivem­ent, sur ce plan, cet oléoduc ne tenait plus la route. Avec la chute du prix du pétrole, Énergie Est n'aurait pas été rentable pour le gouverneme­nt, surtout avec d'autres pipelines plus fonctionne­lles à côté. C'est surtout cet enjeu qui a poussé Trans Canada à prendre une telle décision.

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