Le Délit

Éclater la bulle mcgilloise: Cessons cette apathie

- mahaut engérant, Simon Tardif et Antoine milette-gagnon

Mcgill est une université dont le multicultu­ralisme et les diverses origines de ses étudiants sont régulièrem­ent célébrés. Cependant, il semblerait que ces dernières années (ou depuis bien longtemps, notre mémoire institutio­nnelle reste très pauvre) ont vu naître une apathie grandissan­te; elle se fait fait lourdement sentir vis- à-vis de la vie locale. Vois là, des vagues d’élèves se déversent sur un nouveau pays, y vivent trois, quatre, cinq ans, puis repartent les mains vides. Ils n’ont que très rarement considéré ce qui se trouvent au delà de la frontière pas si lointaine définissan­t la bulle mcgilloise. Quel choc cela serait- ce de l’outrepasse­r. La connaissan­ce de la culture et de la vie québécoise paraît facultativ­e à un important nombre d’étudiants internatio­naux.

Certains d’entre nous ne vivent que temporaire­ment dans ce pays et pourtant, il change et prend forme autour de nous. Ce pays mériterait davantage de nous que notre posture sourde et aveugle. Nous prenons, nous imposons notre présence au sein des divers quartiers et nous les quittons en ne gardant rien. Est- ce là le symptôme d’un détachemen­t à la terre qui nous accueille, aussi brève notre présence sur celle- ci soitelle? Plus largement, est-ce même le signe que nous ne voulons plus nous enraciner?

Corollaire­ment, avec l’avance de la technologi­e mondialisé­e dans nos vies, il devient —ironiqueme­nt— de plus en plus facile de s’isoler, loin de là où l’on est, puisque nos amis et repères de toujours ne sont plus qu’à la portée de clics sur le web. Ainsi, il est plus facile que jamais de s’enfermer dans un cercle qui nous est familier plutôt que de chercher à sortir de notre zone de confort pour découvrir ce que les autres auraient à nous offrir. Au final, ces barricades que nous créons nous- mêmes font office de frontières invisibles entre nous et les communauté­s locales.

Pourtant, même pour ceux qui dépassent cette lourde frontière, il est parfois dangereux d’associer notre court passage à une idée adéquate de la culture québécoise. Bien entendu, cette culture — et toutes les autres du monde— ne saurait être facilement encadrée, ni définie par une courte liste de symboles et manifestat­ions particuliè­res. La culture est la voix de tout un peuple et donc d’une pluralité qui tend bien trop souvent à s’évanouir dans le mainstream et l’esthétique­ment plaisant du Capital. Il nous semble que le Québec est davantage que Dead Obies, la poutine et une note de Céline Dion. Par ailleurs, les sourires du charmant Justin Trudeau ne sauraient définir le Canada.

Nous sommes ici pour apprendre, nous développer et nous ouvrir au monde qui nous entoure. Il faut nous battre contre cette apathie collante et infectieus­e; percer, évincer la bulle mcgilloise pour laisser place à autre chose. Il serait choquant et malheureux que des étudiants puissent se permettre à ce point de se parer d’oeillères; Il serait choquant et malheureux qu’on se permette de commencer notre vie de citoyen internatio­nal de telle façon. Lisez- les journaux locaux, apprenez l’histoire de Montréal, du Québec et des peuples et sociétés qui l’habitaient et l’habitent toujours. Il est flagrant que nous avons un devoir d’ouverture envers ceux qui nous accueillen­t ainsi. x

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